La Sainte Trinité - 2023

Publié par Roland Cazalis, compagnon jésuite sur 3 Juin 2023, 20:08pm

Nous célébrons la Trinité, nous célébrons donc le mystère qu’est l’amour véritable ou la structure qu’est l’amour véritable ou le visage de l’amour véritable.

La manière la plus efficiente pour entrer dans ce mystère est probablement la non-discursive, comme l’est la contemplation par laquelle nous inversons la démarche du connaître, non plus en analysant, mais en devenant nous-mêmes la cible du mystère, en nous exposant au mystère comme lors de l’exposition du Saint Sacrement.

Nous apprenons au passage que l’amour est une réalité relationnelle. Quelle surprise ! « Je suis », ou plus simplement « Je » est une réalité relationnelle.

Nous-mêmes, êtres humains, nous disons par la bouche d’Arthur Rimbaud « Je est un autre ».

Seul l’amour, entre le Moi et le Je, peut nous mener à la vie heureuse.

Dans la synthèse des commandements du Christ, il est question d’aimer son prochain comme soi-même. Ce « comme soi-même » est incontournable et probablement premier, car il conditionne notre capacité à aimer vraiment l’autre.

En conséquence, l’instanciation de l’amour en nous, pour nous, est la condition nécessaire et suffisante pour que la relation à autrui soit en phase avec le monde de la vie.

Donc, si nous disons que « Je est un Autre », si nous pressentons la relation en nous, à plus forte raison en Dieu qui ne peut pas être en deçà de ce qu’il a créé.

Alors, quand Dieu, celui qui peut dire en toute vérité « Je », parle de lui, il dit par exemple à Moïse « le Seigneur, Dieu, tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité », alors que vient de se produire l’expérience malheureuse du veau d’or.

« Miséricorde » selon l’étymologie hébraïque « rahanim » pointe vers les entrailles d’une mère, ou de celui qui se penche avec bienveillance.

Puis, ses deux qualités majeures sont « amour et vérité » (hèsed-we-èmet), on pourrait entendre aussi la « générosité » (hèsèd) et la « stabilité ».

Quand l’heure fut venue, pour parler de lui et de ses intentions, Dieu envoie son Verbe unique, pour se faire connaître. Mais, se « faire connaître » est en même temps une courroie de transmission qui nous permet de nous connaître.

Dieu aime tellement le monde qu’il veut que le monde ait la vie éternelle, c.-à-d. Dieu veut se communiquer à celui qui peut le recevoir.

Il le fait par le biais de son Verbe unique.

Comment le ferait-il de la sorte sans son Verbe unique ?

Donc, le désir de Dieu est originel. Il vient d’avant la fondation du monde. En conséquence, il n’y a aucun felix culpa qui l’appelle et encore moins que le précède. Ce désir est originel, il est donc pur don.

Le Christ est venu nous révéler l’identité de Dieu, car nous étions certainement prêts à l’entendre. Nous étions également prêts à entendre notre identité en couplage avec celle de Dieu.

Il nous fallait quelqu’un de plus grand que nous pour nous connaître.

Dieu nous révèle que nous ne sommes pas seulement des êtres en vie, mais nous sommes des vivants. Dieu nous relèvera de la mort, non pas en nous ramenant en arrière, comme ce fut le cas de Lazare, mais en nous amenant vers l’avant comme le Ressuscité. C’est lui le modèle absolu.

Dans ce relèvement, les déterminations du monde d’avant ne pourront plus nous retenir, car nous serons dans le présent de Dieu. En tout cas, celles et ceux qui le désirent.

Nous pouvons dès à présent goûter ce présent de Dieu par celui qui nous a ouverts au mystère de Dieu et par l’Esprit à côté de nous qui nous le fait comprendre, puis par l’Esprit en nous qui nous fait entrer dans la plénitude de la relation.

Certains auteurs mystiques parlent de ce présent de Dieu en disant avoir « trouvé Dieu » ou le trouver facilement dans la vie quotidienne. Voilà une réalité qui est ouverte à toutes celles et tous ceux qui en ont le désir profond.

Trouver Dieu et participer à son œuvre de salut pour tous les êtres.

Roland Cazalis, compagnon jésuite

Bonne fête à toutes les femmes

Dimanche de la sainte Trinité