Nous célébrons donc le mystère de l’Ascension. Après la venue ou la descente vient le départ ou la montée.
Ce langage s’adresse aux Théophile que nous sommes, des amis de Dieu, car c’est dans ce contexte que l’on peut parler ainsi, ou que ce langage peut être entendu.
Luc nous décrit la séparation du Christ de ses disciples comme une élévation ou une exaltation.
Un théologien soutient que la description de Luc est une ‘visualisation narrative d’une vérité de foi’.
Il s’agit là d’une compréhension minimale ou minimaliste de ce mystère. À partir de cette base, on peut toujours monter dans le niveau de compréhension.
Bien entendu, notre compréhension de ce mystère peut être arrêtée, même en deçà de la minimale du théologien en question, si notre entendement est formaté dans le scientisme et le rationalisme. Nous n’avons rien contre le scientisme et le rationalisme, car il faut faire preuve de rigueur et de méthode dans la recherche de la vérité, mais avec l’ouverture d’esprit qui permet d’accueillir l’impensable quand il fait irruption dans notre quotidien.
Pour cela, nous n’avons pas fini de décloisonner notre entendement, même si les murs de séparation rassurent...
Alors, en parlant de personne qui se fait présente puis qui se dérobe, j’ai été témoin plus d’une fois de ce genre d’événement, dont un que j’ai déjà raconté ici.
Il s’agit d’une randonnée avec des collègues espagnols dans une zone montagneuse du sud de l’Espagne qui s’appelle las Alpujarras, dans la Sierra Nevada.
Il était dans les 14h00. Il faisait au moins 40°C à l’ombre. Nous n’avions plus d’eau et de toute évidence nous nous étions perdus. L’escapade commençait à virer au cauchemar…
En fait, nous avons cherché à localiser le visiteur du regard dans toutes les directions, mais sans succès.
Alors, comme il ne fallait pas rester planté là, nous prîmes la direction indiquée et tout se déroula comme le visiteur l’avait dit.
Alors, les disciples qui restaient là, dans l’incompréhension de cette soudaine absence, sont remis en mouvement par les deux hommes en blanc. Ils leur dit que le Christ n’est plus ici, comme les deux hommes en blanc l’avaient signifié aux apôtres devant le tombeau vide. « Il n’est plus ici, il vous attend en Galilée ».
Les apôtres ne doivent pas rester plantés là. Chacun ira dans sa Galilée une fois que l’Esprit se sera répandu.
Une autre façon d’exprimer le mystère de l’Ascension est de dire que le Christ rejoint la sphère du divin, qu’il n’avait jamais quittée, pour devenir ou redevenir pleinement le Verbe ou le Logos, pour utiliser le vocabulaire ou la métaphore de Saint Jean.
Et de là, il va pouvoir être tout en tous par l’Esprit.
Roland Cazalis, compagnon jésuite