Jardinier de Dieu

Jardinier de Dieu

Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Epiphanie 2025 - année C - 5 janvier 2025

Publié par Roland Cazalis, compagnon jésuite sur 4 Janvier 2025, 16:07pm

Catégories : #homélie_cazalis, #homelie_cazalis, #Homélies, #Méditation

Pour une fois, la deuxième lecture sert de clé de voûte aux deux autres textes.
Paul dit à la communauté de Corinthe que Dieu lui a fait une révélation, il lui a fait connaître un mystère, pour vous tous, gens de Corinthe.
Merci à l'auteur de cette image

Ce mystère, le voici. Les nations païennes bénéficient de la promesse divine, au même titre que la nation juive.

Plus précisément, les nations païennes sont cohéritières, co-incorporées et co-bénéficiaires de la promesse faite à la nation juive.
En conséquence, les nations païennes doivent connaître la grâce qui leur a été faite, et la nation juive doit aussi savoir qu’elle a cette grâce en co-partage.
Dès lors, la distinction entre juifs et païens se base sur le plan ethnique et culturel, mais pas sur le plan religieux, pas sur le plan du salut.
Paul dit qu’il s’agit d’une révélation, car ce savoir n’était pas disponible dans les temps anciens. La révélation implique donc une double conversion, celle de la nation juive et celle des nations païennes.
 
Une fois reconnue la clé de voûte du pont, nous pouvons nous intéresser aux deux piliers qui reposent sur la terre ferme.
 
Le premier pilier est l’annonce faite par Isaïe, après le retour d’exil, où est annoncé le relèvement de Jérusalem. Les filles d’Israël sont portées sur les hanches. Des gens venus de plus loin, des gens d’Arabie du Sud, de Saba, comme la reine du même lieu qui était venu écouter la sagesse de Salomon, ces gens porteront des présents royaux et pour le culte.
On a déjà une ambiance universaliste.
Avec le recul, on dira que ces étrangers ne viennent pas seulement honorer les gens de Jérusalem, mais ils viennent participer à la fête du relèvement de Jérusalem qui est devenue leur ville symbole.
 
Quant à l’autre pilier du pont, nous l’appréhendons avec le récit des mages que nous livre Mathieu. Comme dit l’adage, il faut aborder ce récit avec la naïveté d’un enfant ou l’ouverture des sens d’un enfant afin de le lire avec intelligence et en tirer profit.
Les mages sont des païens, des savants astrologues-astronomes de leur temps. Des savants en quête de sens et scrutant le ciel nocturne à la recherche de nouveauté ayant un sens pour le monde.
C’est ainsi qu’ils virent une nouvelle étoile, signe qu’ils associent à la naissance d’un nouveau-né appelé à être un grand roi.
Voilà pourquoi ils se mettent en route pour le rencontrer et lui rendre hommage.
Ils se mettent en route, sans doute pour se mettre à la verticale de la nouvelle étoile. Mais la précision n’est pas encore suffisante, il faut connaître le lieu exact de l’événement.
Voilà pourquoi ils interrogent les érudits des lieux ; les scribes et les grands prêtres y compris les politiques
 
Bien sûr, ce genre de nouvelle affole Hérode, le potentat par excellence, qui n’a jamais hésité à faire éliminer quelqu’un qui serait susceptible de lui faire de l’ombre.
Une fois, j’ai vu à la TV un reportage sur feu Saddam Hussein, sortant d’une voiture, et parcourant du regard tout son environnement pour débusquer un éventuel snipper dissimulé dans un recoin, alors qu’il est sensé se déplacer avec des gardes du corps. Deux précautions valent mieux qu’une. J’ai conclu que cet homme ne devait pas dormir la nuit, ou dormir comme un dauphin, car si le dauphin se risque à dormir sur ses deux oreilles, alors il se noie.
 
Les mages, ces chercheurs de sens, n’hésitent pas à se mettre en route et à interroger pour savoir. Ils apportent des présents utilisés dans le temps, ou ayant une fonction consensuelle de l’époque.
L’or est le présent royal par excellence.
L’encens est réservé à Dieu et fonctionne comme la prière.
La myrrhe sert à embaumer les corps et signifie l’éternité.
Cet enfant sera effectivement un grand roi sur la terre ; les mages l’attestent.
 
Alors, on nous présente l’Épiphanie ou la théophanie comme la manifestation de Dieu au monde. Ce que nous voyons c’est que Dieu attire à lui des chercheurs de sens, des veilleurs. Ces derniers se déplacent pour l’honorer.
 
Si on leur demandait où ils vont, ils répondraient certainement « venez et vous verrez ».
 
L’assurance qui les met en mouvement doit certainement interpeller ceux qui savent et restent assis sur leurs connaissances, ceux qui officient des cultes et en restent là, et ceux qui gouvernent sans avoir à rendre compte de leur gouvernance.
 
Revenons à la puissance du message de la nouvelle étoile. Cela nous rappelle la nouvelle étoile qu’il y a peu, s'élevait à 30 mètres dans les airs au-dessus du jardin des Tuileries, et ces milliers de gens, qui le soir, scrutaient, comme hypnotisés par cet astre.
 
De quoi cet astre était-il le signe ? De qui cet astre était-il le signe ? La lumière, sans doute. Puisque nous sommes tous cohéritiers, co-incorporés et co-bénéficiaires de la promesse de Dieu, alors, comme les mages, que l’humanité se mette en marche à la recherche de la lumière.
La lumière, voilà ce que nous pouvons demander pour les nations pour cette nouvelle année.
Roland Cazalis, compagnon jésuite
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