Cette Transfiguration ressemble à un rêve de 3 disciples. Pierre, Jacques et Jean somnolent. Pierre parle comme un somnambule qui ne sait pas ce qu’il dit. Ils finissent dans une espèce de nuée vaporeuse. Et tout d’un coup le jour, le réveil : Jésus est là, seul. Le jour a été déclenché par un mot : « écoutez-le ». Avant, ils voient la gloire de Jésus … et une nuée qui les met dans un grand effroi. Ils ne contrôlent rien, tout leur échappe. Comme sa naissance, à laquelle jamais personne n’a pu assisté. « L’écouter », lui, Jésus, c’est demeurer, persévérer, avec lui, jusqu’au « jour », ce Jour où le ciel s’ouvrira et s’apprivoisera la voix du Père qui invite à « écouter son fils bien-aimé ».
A la transfiguration, comme au jour de la naissance de la Vie, Dieu fait tomber un sommeil mystérieux, d’Adam il tire une côte et il pétrit Eve pour la lui donner. Même sommeil sur Abram, et même frayeur, nuit et ténèbres… Et vient le jour en un brasier qui passe. Le Jour de Dieu, notre naissance, la transfiguration, œuvre mystérieuse de création. Il fait passer d’une vie solitaire, sans parole, à une alliance, un cœur brûlant, qui donne vie, une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel. Alliance où tout m’échappe pour me mener au pays où il me sera donné de rendre grâces et de goûter les fruits de Dieu.
C’est ce que traverse l’ami Paul, qui naît à la gloire du Christ et entre dans une vie nouvelle, pleine d’affection pour ses frères et sœurs, ses bien-aimés, une vie ouverte aussi aux larmes de compassion pour qui ne goûte pas le chemin de la croix du Christ. La croix du Christ, ce n’est pas d’abord douleurs et sacrifice. C’est Dieu qui trouve sa joie à sortir de lui-même, toujours, pour se donner, être don, vie partagée, à ses ennemis comme à ses amis, par seule fidélité à ce qui met en joie véritable.
Je suis tombé l’autre jour sur un parterre de chanteurs à la télé (je regarde jamais ça !). C’était un gros truc, avec Johnny et d’autres vedettes. C’est un certain « Maître Gims » qui a gagné. Une chose m’a touché : il disait après que, venu comme réfugié, congolais, sans abri ni rien, il aurait pu basculer comme ses potes dans la drogue, le vol et la prison. S’il n’avait laissé place à un don venu en lui, de chanter, danser, en public, en équipe, dans un rap tourné plutôt vers la douceur… Le Christ transfiguré, glorieux, est le fils bien-aimé qui choisit la voie du Don : il donne le Père. Ecoutons-le ! Pour la vie du monde.
Père Olivier de Framond