Jn 14, 23-29 En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi. Je vous ai dit ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent ; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez. »
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Le temps pascal : c’est recevoir en profondeur ce qui nous a été donné, ainsi que ce qui se donne aujourd’hui…
Avec la perte de la présence quotidienne cohabitante, celle dont rend compte le récit évangélique à sa manière, le souvenir de ce qui a été vécu jadis, peut surgir avec une autre signification. Toute personne traversant un deuil est amenée à faire cette expérience paradoxale. Avec la perte, surgit, de manière nouvelle, l’être absent. Dans un nouveau regard porté sur lui, nous découvrons ce qui comptait pour lui, ce qui le mettait en mouvement en profondeur. La mort nous donne de recevoir autrement la vie passée de l’autre, et, par là, l’être même de l’autre. Le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit.
C’est bien ce qu’ont vécu, de manière large, les pèlerins d’Emmaüs. A la fin du chemin avec l’inconnu, Jésus le Crucifié peut reprendre, avec sa nouvelle présence, son être de Messie d’Israël, à la fois souffrant et triomphant, aussi bien dans leurs intelligences libérées que dans leurs cœurs tout brûlants. Le même travail a été fait aussi par toute la communauté chrétienne naissante tout au long des jours qui précédent la sortie Pentecostale. Se réalise ainsi pour les croyants la parole de l’Evangile de ce dimanche : Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure.
Oui se souvenir, c’est laisser notre esprit contempler en profondeur ce qui a été, garder en soi agissant la parole qui s’est tue, les gestes qui se sont estompés, les attitudes qui se révèlent alors davantage. A ce moment, le sens profond de la présence de l’autre se manifeste, une nouvelle rencontre des personnes disparues se vit en vérité. Nous ne rejoindrons jamais plus le Christ qui a marché sur nos routes humaines mais son mystère se donne aujourd’hui à moi à travers le souvenir que je reçois dans l’Esprit. C’est ce cheminement que nous a proposé l’Eglise par sa liturgie durant ces semaines, en entendant à la lumière pascale des discours du temps de la vie de Jésus, aidant, par-là, l’avancée intérieure de nous croyants, avancée qui s’opérait par la réminiscence des propos, des déclarations du Jésus terrestre.
Peu à peu, au-delà des situations particulières vécues s’est découvert ce qui animait, en son fond, le Seigneur durant son temps terrestre avec nous, se laisse alors percevoir notamment son être relationnel. Ce Seigneur mort, disparu à tout jamais, mais aussi vivant, d’une autre manière, puisque ressuscité, est riche d’une nouvelle présence pour moi là où je suis. Elle n’est plus que gracieuse, consolante, aidant au cheminement de la foi, à l’ouverture à la vraie vie, à la vie même de Dieu, à la vie éternelle. Elle ne s’impose pas. Elle m’appelle, elle nous appelle à aller à Lui à travers le service de l’amour.
Ainsi dans le souvenir pascal du Fils se manifeste, aussi bien pour hier, que pour aujourd’hui et pour demain, une vie éternellement reliée au Père. Cette prise de conscience est l’œuvre actuelle de l’Esprit présent en nous. La vie divine s’offre à chacun de nous, maintenant, d’au-delà de sa mort physique puisqu’il est vivant et qu’il ne cesse de nous faire signe là où nous sommes…
Les personnes divines dans la révélation de leurs mystères, la relation qui fait vivre toute chair, la réalité véridique au-delà de l’écume des événements, sont là, offertes, accessibles, données…
Ma situation présente devient alors le lieu même de la révélation qui est à creuser pour me relier en ce jour même au mystère du Dieu trinitaire. Alors je fais mien la prière de l’Eglise :
Dieu tout puissant, accorde-nous, accorde-moi, en ces jours de fête, de célébrer avec ferveur le Christ ressuscité : que le mystère de Pâques dont nous faisons mémoire, dont je fais mémoire, reste présent dans notre vie, dans ma vie et les transforme.
Je m’offre à la transformation qui se déploie en moi, en nous, pour devenir cette demeure où le Père et le Fils résident, je reçois les signes délicats de sa présence consolante, j’attends du Seigneur son plein retour à la fin des temps et je m’y dispose de tout mon être en marchant à sa suite dans ma vie présente, là où je puis humblement le recevoir, dans le service de mes frères et du Royaume à venir, pour qu’en moi il demeure. Amen ! Alléluia !
Chant pascal Tu fais ta demeure en nous Seigneur illustre magnifiquement cette inhabitation du Seigneur ressuscité dans le cœur de chaque croyant, écoutez le !
Tu es là présent, livré pour nous
Toi le tout petit, le serviteur
Toi, le Tout Puissant, humblement tu t'abaisses.
Tu fais ta demeure en nous Seigneur
Le pain que nous mangeons, le vin que nous buvons,
C'est ton corps et ton sang
Tu nous livres ta vie Tu nous ouvres ton cœur
Tu fais ta demeure en nous Seigneur
Tu es là présent livré pour nous
Toi le tout petit le serviteur
Toi le Tout Puissant humblement tu t'abaisses
Tu fais ta demeure en nous seigneur
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Par le don de ta vie
Tu désires aujourd'hui reposer en nos cœurs
Brûlé de charité, assoiffé d'être aimé
Tu fais ta demeure en nous Seigneur
Tu es là présent, livré pour nous
Toi le tout petit le serviteur
Toi le Tout Puissant, humblement tu t'abaisses
Tu fais ta demeure en nous Seigneur
Unis à ton amour, tu nous veux pour toujours
Ostensoirs du sauveur
En notre humanité, tu rejoins l'égaré
Tu fais ta demeure en nous Seigneur
Tu es là présent livré pour nous
Toi le tout petit le serviteur
Toi le Tout Puissant, humblement tu t'abaisses
Tu fais ta demeure en nous Seigneur
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