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Compostelle 2014 pour moi c'est la découverte de « l'agir » pour composer avec « l'art du décalé ».
Il faut savoir que ce chemin de pèlerinage que chacun prend avec ses objectifs, ses attentes, ses intentions et ses défis, est en perpétuel mouvement, des mouvements de groupes, des mouvements de foules quelquefois à certaines périodes de l'année.
Ce sont les bla bla bla... et des fous rire claquants qui envahissent l'espace sonore, dans le bosquet ombragé ou à la crête de la colline verdoyante. Il y a ceux qui, profitant de ce temps libéré, font des rencontres en marchant et échangent en discussions interminables sur leurs tracas de la vie quotidienne, les enfants, le banquier …Difficile dans ces conditions d'apprécier les petits bruits des animaux, le chant des oiseaux et le souffle du vent dans les branches.
Dans ce mouvement de transhumance, le départ se fait à une certaine heure, comme préconisé généralement dans les guides. Les pèlerins arrivent de ce fait souvent tous ensemble même s'ils ne sont pas partis en groupes constitués.
Pour ma part, j'avais la volonté de marcher en solitaire, avec comme invités le silence et la méditation. J'ai rapidement compris qu'il ne fallait pas que je fasse le chemin au même rythme. J'avais à réfléchir à une certaine stratégie.
J'ai d'abord décalé tous les objectifs d'étapes en utilisant beaucoup des étapes intermédiaires.
Ensuite je me suis rendue compte qu'en partant à une heure matinale raisonnable, 8h, au soleil levant et en ayant des étapes plus courtes, je prenais la route après les plus compétiteurs qui partaient à la lampe frontale, en général pour une longue étape. De ce fait, j'arrivais la première par rapport à ceux qui étaient partis de plus loin ou qui marchaient à un rythme moins soutenu.
J'ai décalé également mes pauses repas à des horaires non conventionnels en choisissant des coins reculés du chemin.
Arrivée la première sur les lieux d'hébergement, cela donne le plaisir de pouvoir s'installer tranquillement, prendre la première douche, choisir le lit « d'en bas » dans le dortoir, explorer l'environnement et jouir du soleil de fin d'après-midi, allongée dans un hamac. L'automne fut une période très ensoleillée. J'ai pu ainsi prolonger le bénéfice de la journée de ressourcement, découvrir dans le calme l’aménagement des hospitalités et partager avec l'accueillant une grenadine fraîche.
Au soir venu, c'est avec grande joie que j'attendais le moment des échanges en grande tablée pour un repas festif.
Geneviève R.