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Quelle étrange sensation, celle de se retrouver tout petit, point d'horizon, au milieu d'immenses étendues vallonnées à perte de vue avec ce sentiment de s'ouvrir et devenir plus grande, plus ample, immense pour embrasser le ciel.
Quelle étrange sensation celle de se retrouver enfouie dans le cocon vert d'une forêt, enveloppée de végétation et des gazouillis de la vie animale, avec cette impression que pousse un enracinement, ancrage ténu et ferme dans l'humus de la terre.
Quelle étrange sensation celle d'être isolée du monde habité et à la fois de se sentir connectée par des liens forts et invisibles avec l'humanité toute entière.
C'est comme si dans cet espace de communion avec la nature, s'ouvrait un espace plus grand encore d'ouverture du cœur. La paix intérieure laisse pousser toute une proximité avec les êtres chers, les femmes et les hommes qui traversent notre quotidien, les défunts aimés.
Moments de réjouissance et moments de présence dans une relation plus distanciée et plus intime à la fois, la pensée devient toute spéciale pour chacun et va revisiter les partages, redimensionner et consolider les liens. Les uns après les autres sortent d'un balluchon imaginaire, ils viennent profiter du chemin, se montrant sous un autre jour, comme transfigurés.
De l'intérieur de soi émerge le souffle qui brasse, balaye et nettoie pour installer la lucidité et la légèreté, comme si de la tête sortait l'encombrement pour faire place à un ciel calme, profond, étoilé.
La marche donne le temps de regarder, à travers le prisme de la vie, comment rejaillit la lumière du Christ dans notre existence. Elle permet sur ce chemin qui déroule son ruban sans fin, de tisser une toile d'araignée pour recueillir notre nourriture spirituelle. Elle cisèle nos petits bouts de vie pour en constituer une dentelle qui laisse passer la clarté.
Geneviève R.