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Au petit jour naissant, au saut du lit, il y a quelques gouttes éparses qui échouent, collées au carreau de la fenêtre. Elles viennent ensuite caresser le dessus de la main comme pour signaler et prévenir que les pluies diluviennes de la nuit ne sont pas terminées et que comme le prévoit la météo, les eaux d'en haut en ont encore à découdre.
Et puis le long du chemin, les choses se confirment, tout d'un coup les gouttelettes se renforcent, le poncho devient nécessaire, les eaux arrivent, elles forment devant les yeux, des guirlandes luisantes le long du capuchon, elles viennent nourrir la terre grasse déjà détrempée de la nuit.
Doux chuintements, elles apportent un peu de gaîté dans ce paysage grisâtre, forment de jolies petites étoiles sur les plantes et rendent un luisant verdoiement à la prairie et aux longues herbes folles.
Les grandes flaques se décorent d'une multitude de bulles scintillantes qui éclatent en notes de musique. Le ruisseau grossit au côté du chemin, les flots viennent s'éclabousser bruyamment sur les grosses pierres.
L'eau abonde et continue en ruisselant le long du poncho, elle dégouline et se faufile sur les jambes, elle commence à rentrer dans les chaussettes. Les chaussures s'engluent et s'alourdissent par de gros paquets de boue, les mains collent aux bâtons. Le poncho s'alourdit et le corps se love.
Cette eau qui lave, balaye le visage et rafraîchit les joues, elle redonne de l'énergie.
Petit à petit, les eaux extérieures s'infiltrent. Comme dans une éponge, elles viennent gonfler les eaux intérieures, elles envahissent les émotions à fleur de peau.
Les eaux intérieures débordent et se mêlent aux eaux extérieures. Les larmes se mettent à couler, sans raison, comme pour mieux communier dans ce baptême de renaissance, larmes de mélancolie, larmes d'Amour et larmes de tendresse vers tous les êtres que j'aime, ceux que je devrais mieux aimer, ceux que je dois apprendre à aimer.
Et là, en mode pilotage automatique, c'est la patience et la persévérance qui doivent être intégrées comme ligne de conduite, la conscience qu’aujourd’hui c'est l'eau qui aura le dernier mot.
Il faudra tenir, le temps qu'il faudra, avec la certitude qu'après la pluie vient toujours l'éclaircie. Le calme revenu, c’est la percée du soleil, qui comme après certaines purifications de l'âme, lèvera le voile et permettra de nouveau d'apprécier la vie et la beauté environnante.
Geneviève R.
La journée du pèlerin - Partie 1
La journée du pèlerin - Partie 2
La journée du pèlerin - Partie 3
Bruits de la nuit
(dimanche du 28 juin 2015) (dimanche 21 juin 2015)