Prier peut-être à certains jours austères, parce qu'on est sec. Ou douloureux, par ce qu'on souffre. Mais tu verras très vite que la prière surmonte tout ennui. "Priez-vous régulièrement ?", ajoutes-tu ? Oui, et c'est là qu'est la solution. Si tu te tournes vers Dieu par caprice, quand cela te chante, tu n'entreras jamais dans l'intimité de ton Seigneur, et il ne se livre pas à toi, parce que tu succombes à la ... sensation. Mais si tu fais oraison chaque jour avec un coeur fidèle, tu renonceras à la sensation (donc à l'ennui quand elle fait défaut) et tu entreras dans la paix, dans la paix par tous les temps et sous toutes les températures. Moi qui prie régulièrement - merci Jésus - je ne me pose jamais ta question. Je ne m'ennuie jamais, parce que je ne cherche pas les frissons ni les extases : ma joie, c'est d'être fidèle au rendez-vous. Le reste, ça fait un peu "ado" ... Quant à la répétition, c'est la loi de tout progrès. Avancer dans la prière, ce n'est pas consommer des formules toujours nouvelles et toujours plus époustouflantes, afin de vibrer davantage : c'est redire inlassablement les mots d'amour les plus simples, comme font tous les fiancés. Quand tu aimes une fille, tu n'utilises pas pour lui parler un dictionnaire des mots tendres, comme le réclame cette grande coquette qu'est la Roxane de Cyrano de Bergerac : tu répètes inlassablement les murmures et les gestes les plus suggestifs, sans te casser la tête. Tu ne fais pas de la littérature ; tu dis ta présence et ta tendresse. Il en va de même pour la prière : le débutant recherche les émois, le progressant se simplifie. Comment Jésus priait-il son Père ? ... Aux jours de fatigue, reprends la supplication rythmée de nos frères d'Orient :"Seigneur Jésus, fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur." Et confonds-toi avec cet humble murmure, longuement.....
André MANARANCHE, 1989.
Questions de jeunes.
Le Sarrment Fayard, p.p.93-94.