Jésus appelle par trois fois ses disciples à faire preuve de disponibilité… en se libérant du souci d’avoir du bien à gérer, en creusant une attitude authentique de service envers l’autre, en usant droitement de son pouvoir envers les autres… Peut-être est-il plus avisé d’essayer de comprendre ce que cela veut dire, ce que cela peut signifier avant que de vouloir le mettre, tout de go, en pratique… Que cherche donc Jésus dans sa demande ? Quelle attitude de vie profonde veut-il réveiller en nous ?
A vrai dire, aujourd’hui, dans cet évangile, Jésus nous appelle à aimer davantage, non plus seulement par rapport à nous-mêmes, ou par rapport à ce qui nous semble juste et bon, mais par rapport à lui, par rapport à l’autre… Cet approfondissement de l’amour demande que nous nous perdions comme centre de notre initiative, que nous nous décentrions de nous-mêmes. Cette perte devient ainsi une croissance. En effet, si nous considérons que nous sommes là pour recevoir l’expression de la volonté de l’autre plus que pour répondre à ses attentes présupposées, nous y gagnons le bonheur extrême de pouvoir écouter un « autre », l’entendre se révéler, se faire connaître, entrer en dialogue avec lui, et découvrir en nous de nouveaux aspects de notre être en relation et faire grandir l’amour encore plus en nous, entre nous… Le serviteur qui attend le retour de son maître doit l’attendre pour savoir ce qu’il veut et non pas faire autre chose pendant ce temps de l’attente, et même si c’est pour son maître…
Jésus nous invite à ce que notre capacité d’action soit au service de l’expression de l’autre et non à faire quelque chose pour l’autre, à la place de l’autre. Il désire que nous ne cherchions plus à faire pour l’autre mais à entrer en relation avec l’autre. Nous ne sommes pas loin de la rencontre de Jésus avec Marthe et Marie, d’il y a quelques dimanches… Comment le faire ? Comment vivre cette évolution, cette croissance ? Tout d’abord, en la désirant et en la demandant au Seigneur comme une grâce au réveil, et tout au long de notre journée, d’être aussi dans cette attitude profonde et simple d’écoute, en prenant ainsi le temps après avoir vécu ma journée de la revivre, de la goûter intérieurement, d’y entendre alors les attentes qui m’ont été adressées aussi par le Seigneur que par les autres… Il ne nous est pas demandé de répondre tout de suite mais surtout d’être dans une attitude de vigilance, de nous laisser conduire par l’autre vers l’amour.