Mardi (2ème semaine du temps ordinaire)
Marc 2, 23-28 Un jour de sabbat, Jésus marchait à travers les champs de blé ; et ses disciples, chemin faisant, se mirent à arracher des épis. Les pharisiens lui disaient : « Regarde ce qu'ils font le jour du sabbat ! Cela n'est pas permis. » Jésus leur répond : « N'avez-vous jamais lu ce que fit David, lorsqu'il fut dans le besoin et qu'il eut faim, lui et ses compagnons ? Au temps du grand prêtre Abiathar, il entra dans la maison de Dieu et mangea les pains de l'offrande que seuls les prêtres peuvent manger, et il en donna aussi à ses compagnons. » Jésus leur disait encore : « Le sabbat a été fait pour l'homme, et non pas l'homme pour le sabbat. Voilà pourquoi le Fils de l'homme est maître, même du sabbat. »

« Jésus marchait à travers les champs de blé » L’homme et sa liberté. Une liberté qui lui demande à chaque fois de s’investir, de dire « oui », non pas un « oui » définitif qui se dirait en chaque occasion d’une manière automatique, mais dans chaque occasion, dans chaque situation laisser renaître le « oui » en soi… Voilà l’enjeu d’une croissance humaine capable d’accueillir, de se renouveler. C’est bien sur ce chemin que le Seigneur Jésus nous conduit en ce temps de « nouvelle évangélisation ». D’ailleurs, la raison pour laquelle souvent les saints souffrent en leur vie, c’est qu’ils laissent leur âme vivante et cherchent à rejoindre sans cesse le Seigneur à partir de leurs situations, d’une manière vivante… Il en est bien ainsi d’Ignace (1) qui amoureusement chercher à trouver la volonté du Seigneur, en discernant sans cesse, plus qu’à la réaliser et organiser son temps à partir de ce travail. De la même manière, nous pouvons penser à Bernadette Soubirous qui aura à dire plusieurs « oui » au Seigneur, celui de la petite fille pauvre, celui de la voyante, celui de la recluse de l’hôpital de Lourdes, celui de la novices de Nevers, celui enfin de l’infirmière recluse de Nevers… Les situations dans leur diversité sont là pour nous aider à devenir dans la relation vivante avec le Seigneur…
« Ce que fit David, lorsqu'il fut dans le besoin et qu'il eut faim » comment prendre notre vie en vérité ? Il ne s’agit jamais d’appliquer un programme mais de se laisser toucher par la situation et, de là découvrir comment elle me relie d’une manière renouvelée à celui qui compte pour moi. Ainsi David est l’homme selon le cœur de Dieu, parce qu’il sait à la fois admirablement s’adapter à la situation et aussi rechercher la relation avec son Dieu dans la solution, qu’il soit dans l’appel [aller contre Goliath], l’épreuve [faire face à la jalousie de Saül], la joie [danse devant l’arche de l’Alliance], la faute [avec la femme d’Uri le Hittite], la détresse [la mort de son fils ennemi]… Ici David se trouve pris par la faim, lui et ses hommes, et il renoue avec son Dieu à partir de là. Il éprouve et distingue ce qui compte et ce qui est important sans cesse. Jésus, le « fils de David », nous encourage à vivre comme son ancêtre. Il nous encourage à partir de notre situation. Il ne veut pas que nous ne vivions que de l’application sèche et étroite d’un principe qui, en aucun cas, ne serait le Dieu vivant et aimant qu’il cherche à nous faire découvrir dans une gratuité, celle qu’il ne cesse de nous offrir dans toutes ces situations où il nous appelle à devenir…
« Non pas l'homme pour le sabbat » Voilà la grande bonne nouvelle, Dieu est plus grand, l’homme est plus grand. L’enjeu est qu’ils se rencontrent, le reste, tout le reste est là pour le permettre. Nous pouvons éprouver l’infinie richesse de chaque situation, parce qu’en son sein se trouve la possibilité d’une relation renouvelée et transformante avec le Seigneur. Dès lors, la hiérarchie naturelle bouge. Ce n’est pas ce qui demeure intangible qui a valeur, mais ce qui donne de trouver à se relier au Seigneur. Là se trouve l’ouverture au Pardon, que Dieu ne cesse de nous offrir un pardon qui nous rend pauvres, pauvres de la situation à laquelle nous avons à renoncer, mais qui nous remet dans notre vraie évolution, la relation avec Celui qui nous a créé. Le Fils de l’homme dispose ainsi de tout pour nous donner de devenir…
(1) Voici le carré magique avec les 4 phrases en caractère gras de la prière
« Âme du christ » de St Ignace
Pour qu’avec tes saints, je te loue La relation pleine avec le Seigneur et mes frères qui s’est engendrée de la multitude des liens véritables, des rencontres vraies de l’histoire | Ne permets pas que je sois séparé de Toi Principe appelé à devenir Vivant, Naissant, il n’y a en lui aucune volonté de pouvoir mais attente d’une libre réponse de la personne en sa situation. C’est cela qui compte pour lui. |
Ordonne-moi de venir à Toi Situations non pas à maitriser de l’extérieur mais à accueillir dans leurs nouveautés spécifiques pour que naisse en moi la réponse véritable, pas celle concernant la situation mais à Celui qui m’attend. | A ma mort, appelle-moi, Que je sois tel que je suis, à faire advenir dans et par la nouveauté des situations, aux quelles je m’ouvre avec confiance ou aux quelles je me ferme dans le désir de devenir par moi-même comme une statue… |
La philosophie de la vie
père Jean-Luc Fabre
Merci à l'auteur de la photo