« Au dire des foules, qui suis-je ? » Comment aider quelqu’un à se situer ? Peut-être pas en lui posant la question directement, mais en lui donnant la possibilité d’épouser plusieurs autres réponses même si ces dernières ne lui conviennent pas. A travers cela, un chemin personnel peut se tracer. Mais notons que le Christ, quant à lui, s’offre à la question : « qui suis-je ? ». Il se donne à voir, à contempler. Il donne aux disciples de lui dire ce que d’autres disent sur lui. Il se livre ainsi déjà aux hommes…
« Et vous, que dites-vous ? » Une dynamique s’instaure. La multitude des réponses autorise une prise de risque. Jésus continue à soutenir, à escorter ses disciples, en s’adressant maintenant directement à eux. Il leur donne de pouvoir s’exprimer par rapport à celui qui les a entrainés sur son chemin. Il leur donne de pouvoir être avec lui dans la parole. Il leur donne de pouvoir être libres, de pouvoir se situer par rapport à lui, par rapport aux autres au sein du groupe mais aussi par rapport à ceux extérieurs au groupe, aux autorités…
« Mais Jésus, avec autorité, leur défendit vivement de le dire à personne, et déclara ». Le Seigneur est libre, lui aussi. Il reçoit la parole des uns et des autres. Il reçoit la parole des disciples, comme il a reçu les autres paroles des autres personnes, les gens favorables et ceux qui lui sont hostiles. Et lui-même dit ce qu’il a à dire. Il parle avec un mélange de conviction et aussi de saisissement. Le Seigneur va librement à sa passion. Il y va avec tout son cœur, cela lui coûte mais il y consent. C’est le chemin que la situation lui trace pour manifester la réalité profonde de l’humanité. Son « oui » en cette situation va retourner la situation entière. Permettre à la vie véritable de pouvoir rejoindre toute chair, toute situation… Cela lui appartient en propre.