Discerner les motions de l'Esprit
Libérés par l'Evangile des attachements désordonnés qui
entravent notre liberté, nous pouvons alors nous livrer aux motions de l'Esprit. Désigné par l'Ecriture comme " Souffle ", l'Esprit est celui qui vient mouvoir notre volonté pour nous configurer
au Christ et faire de nous des enfants du Père. Le problème pour nous est de carguer nos voiles pour les offrir au souffle de l'Esprit. Encore faut-il aussi prendre en compte les vents contraires
qui peuvent nous entraîner sur des récifs. D'où la question du discernement.
" L'Esprit parle à notre esprit… " mais il n'est pas seul à parler. Tant de voix en nous se
répondent et se combattent. Saint Augustin a retraduit pour nous, dans le récit de sa conversion, le dialogue dramatique des appels de sa conscience et des protestations de celles qu'il appelle
ses anciennes amies. Là du moins, si le choix n'était pas facile, il était devenu clair. Ce n'est pas toujours le cas et nous pouvons hésiter à reconnaître dans le tourbillon des pensées
contraires qui nous assaillent la voix de Dieu. La prière reste alors le lieu privilégié du discernement. Exposées à la lumière divine, nos pensées vont révéler leur vrai visage. Les unes seront
source de joie et de paix, les autres se montreront décevantes, stériles, négatives… Le propre du bon esprit, dit Ignace, est d'apporter ce qu'il appelle la consolation : la sérénité, la paix
dans la foi. Inversement, le mauvais esprit est source de trouble, d'inquiétude, d'ambiguïté. A nous de laisser ainsi la lumière divine passer au crible nos états d'âme pour bien manifester leur
origine.
Il ne s'agit pas là d'une introspection plus ou moins poussée, car la lumière ne vient pas de
nous, de notre lucidité, mais de la force de l'Esprit qui nous meut dans un sens ou dans un autre. C'est pourquoi ce discernement ne peut se faire que dans une humble prière. Il faut faire taire
en nous les voix égoïstes, jalouses, craintives, pour être attentifs au murmure de l'Esprit qui, telle une brise légère, vient susciter en nous la générosité, l'espérance et la foi. Ce n'est
possible que dans une prière personnelle, recueillie, prolongée.
N'espérons pas non plus recueillir chaque fois des inspirations fulgurantes, irrésistibles. Elles
existent, mais elles demandent toujours à être contrôlées et il faut plutôt nous attacher aux ouvertures, aux suggestions, à travers lesquelles l'Esprit, respectueux de notre liberté, cherchera à
nous orienter dans telle ou telle direction. C'est toujours nous qui avons à prendre notre décision et l'Esprit ne nous décharge pas du poids de notre responsabilité mais il nous donne de la
vivre dans la lumière, avec la calme certitude d'agir en enfant de Dieu.
Père Michel Rondet
Jésuite, La Beaume-les-Aix
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