En ce temps-là, en cours de route, un homme dit à Jésus : « Je te suivrai partout où tu iras. »
Jésus lui déclara : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. »
Je vois le Seigneur en marche qui se fait accoster par un homme, déjà des gens le suivent, j’entends l’énergie de cet homme, sa générosité, il manifeste qu’il veut être avec Jésus dans son mouvement, sur son chemin… l’affirmation est nette « partout où tu iras ». Jésus lui répond, Il lui dit sa situation, son errance continue, sa pauvreté… Il ne dit rien de plus ou de moins, il dit sa propre situation… Qu’est-ce que cela dit de la manière dont Jésus désire être en relation avec les autres personnes ? Cela m’inspire peut-être de dire au Seigneur quelque chose…
Nouvelle scénette, là Jésus prend l’initiative.
Luc 9, 59-60
Il dit à un autre : « Suis-moi. » L'homme répondit : « Permets-moi d'aller d'abord enterrer mon père. »
Mais Jésus répliqua : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, va annoncer le règne de Dieu. »
La situation est limite, la personne fait œuvre de bonne volonté… enterrer son père, ce que cela peut vouloir dire, ce que la réponse du Seigneur peut vouloir dire aussi… en percevoir le message de vie : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, va annoncer le règne de Dieu. » J’essaie de comprendre cet échange, d’en peser toute l’humanité, je prends le temps d’entendre ces deux propos.
Ensuite je me demande pour moi-même, de quels morts ai-je du faire le deuil en ma vie, qu’est-ce que je dois laisser aujourd’hui parce que c’est mort, passé, perdu, pour avancer sur le chemin de la vie, quelles attaches, quels regrets… Je puis, parce que trop lourd, parce que je me sens trop faible, juste les nommer au Seigneur, peut-être puis-je aussi en parler au Seigneur, lui demander son avis, lui demander son aide pour que la vie en sa nouveauté coule en moi…
Luc 9, 61-62
Un autre encore lui dit : « Je te suivrai, Seigneur ; mais laisse-moi d'abord faire mes adieux aux gens de ma maison. »
Jésus lui répondit : « Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n'est pas fait pour le royaume de Dieu. »
Là encore, une personne déclare qu’elle veut suivre le Seigneur, elle pose aussi une requête légitime, ne pas partir comme un voleur, dire adieu… Mais comment dit-on adieu… ne faut-il pas être déjà parti, être déjà dans un ailleurs pour dire adieu, sinon je ne quitte pas vraiment… En dehors de l’autre à qui je dis adieu, qu’est-ce que cela veut dire pour moi, en moi-même, de dire adieu à mes anciennes relations ? La parole de Jésus n’est-elle pas riche de sens « Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n'est pas fait pour le royaume de Dieu. ». Après avoir pris le temps d’essayer de comprendre ce dialogue, là aussi je me demande si moi aussi d’une certaine manière je n’ai pas vécu des situations de ce type, je les présente au Seigneur, je puis Lui demander son aide…
Durant ce temps de prière j’ai essayé de recevoir la parole de Dieu, son message de vie, Jésus est le Prince de la Vie, de comprendre cette Parole comme je le pouvais, de voir aussi comment dans ma vie je vivais certains aspects de cette relation entre le Seigneur et celui qui veut le suivre.
Au terme de cette prière (5 minutes au moins) je fais comme dans un entretien avec une personne importante dont je veux obtenir quelque chose, je récapitule et je rebondis. Je m’adresse à Lui avec le poids de richesse de mes découvertes sur moi, sur la relation avec lui, sur lui qui s’est découvert à moi dans ses attitudes, ses réponses… Je réalise que je m’adresse vraiment à lui. Je Lui parle comme je le peux… « Comme un ami parle à son ami, comme un serviteur parle à son maître ». Je sais que la relation entre Lui et moi peut changer dans le dialogue… que je puis tout Lui dire aussi…
Je termine ma prière par la récitation à voix muette du Notre Père, je Le salue… Je prends congé de Lui.
Je prends ensuite quelques notes pour faire mémoire de ma prière, de comment je m’y suis pris, de ce que pense avoir vécu de significatif, je me demande aussi comment ma demande de grâce à travailler, ne l’ai-je pas retrouvé d’une autre manière…
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite
Merci Adrien pour cette photo