«Si on n'accepte pas de se laisser bouger par d'autres façons de penser, alors, on n'a plus rien à dire, on devient insignifiant, sauf pour ceux qui partagent la même catégorie mentale. Aujourd'hui, où l'Occident se replie sur lui-même, la grande tentation de l'Église serait d'agir de la même façon, de se replier sur ses propres acquis mentaux. Le danger est que, voulant défendre la vérité de la foi, on finisse par défendre l'expression occidentale de la vérité de la foi, une expression culturellement limitée.»
Mgr Albert Rouet, J'aimerais vous dire, Novalis, Paris, 2009,
« Parlons de la gradualité de la loi : quand la loi est votée, elle est votée. Il n'y a pas un quart de loi, un huitième de loi, une demi-loi. La loi est ce qu'elle est. Ce n'est pas le problème. Le problème c'est de savoir comment les gens peuvent arriver à la vivre et comment trouver le chemin et la vitesse à laquelle aller pour qu'ils y arrivent.
Quelqu'un qui va bien a une vie morale plus facile que celui qui est né abandonné de ses parents, qui a vécu dans la rue, qui a dû vivre de petits boulots et de larcins et qui va peut-être un de ces jours arriver à vivre régulièrement avec une femme. Bon. Le dernier aura fait un chemin probablement plus grand que le premier, car ce qui compte c'est moins le niveau auquel on arrive que la distance parcourue. (...) Vous savez, les images d'alpinistes en morale sont épouvantables. Il y a des gens qui n'arrivent même pas à monter sur une chaise, comment voulez-vous les faire monter sur l'Everest ? Arrêtons de juger par rapport à un baromètre. Il faut le faire en proportion de ce que chacun peut faire. Si on oublie ça je crois que l’on quitte l'évangile ! »
Mgr Albert Rouet, J'aimerais vous dire, Novalis, Paris, 2009, p.336-337