Jésus s’apprête à partir proclamer l’Evangile dans toute la Galilée, et première rencontre, un lépreux. Ç’aurait dû être une barrière à éviter qui aurait dû crier « impur, impur » ! Mais il s’approche de lui : « si tu le veux, tu peux me purifier ». La barrière, Jésus en fait une porte qui, en la touchant, ouvre sur le royaume de Dieu : « je le veux, sois purifié ». Il s’est laissé saisir aux entrailles – la compassion qui vient de Dieu – et la vie entre là où elle restait enfermée. Cette compassion le fait aller au-delà de la Loi : il n’aurait pas dû le toucher, il le fait, ça lui est donné, c’est plus fort que lui. Un lépreux, c’est tous celles et ceux que j’évite, société, mécréant, voisin, nous, qui me fait peur ou me rebute. C’est peut-être moi, par mes peurs qui m’isolent ou qui l’isolent, lui, elle, en l’évitant. « Si tu le veux, tu peux me purifier » …
Sortir des peurs qui rongent jusqu’à la peau au point de ne plus voir que ça, barrière, prison, passe par un regard de Dieu pris aux entrailles. Le Christ est ce regard, cette porte qui autorise le cri de la foi et fait retrouver le lien social, la vie avec les frères, les voisines, l’extérieur. Il fait retrouver l’action de grâce. Mais le lépreux guéri répand la nouvelle et Jésus devient lui-même le lépreux qui doit s’isoler en des lieux déserts. Mais un lépreux vers qui beaucoup vont. Il ne va plus en Galilée, c’est la Galilée qui vient à lui. Et même plus tard une Syro-phénicienne, un sourd-muet …
La Covid semble nous transformer en lépreux. Le test est-il positif, il faut crier « impur » et rester à l’écart. Jésus, tu t’es fait pour nous Lépreux par tes entrailles divines, ouvre-nous le Chemin qui fait entrer dans la vie, dans le royaume des cieux, au milieu de ton Peuple élu. Que nous ne soyons pour personne un obstacle, comme y invite l’apôtre Paul. Ni pour les Juifs, ni pour les païens, ni pour l’Eglise de Dieu. Paul a guéri des lépreux sociaux en les tirant de la recherche de leurs petits intérêts. Si nous voulons faire une communauté chrétienne vivante, ouverte au monde, tous nous avons à accueillir ce regard de Dieu qui nous tourne vers l’Essentiel et la fraternité impossible. Pas impossible pour Dieu.
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Lv 13, 1-2.45-46 ; Ps 31 (32), 1-2, 5ab, 5c.11 ; 1 Co 10, 31 – 11, 1 ; Mc 1, 40-45