Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Dimanche 30 mars 2025 : 4ème Dimanche de Carême, de Lætare - Année C

Publié par Roland Cazalis, compagnon jésuite sur 29 Mars 2025, 23:08pm

Catégories : #homélie_cazalis, #Méditation, #Homélies

La première lecture nous relate un accomplissement de la parole de Dieu au profit de son peuple libéré d’Égypte.
 
Le peuple est arrivé dans un territoire où il vit désormais des produits de la terre. Donc, il n’a plus besoin de la manne.
 
La parole de Dieu s’est accomplie. Elle s’accomplira encore.
La parole de Dieu est le socle sur lequel nous pouvons bâtir notre existence.
 
Il a fallu passer 40 ans dans le désert, soit une génération ou symboliquement, le temps de la purification pour oublier les viandes grasses de l’Égypte.
 
On ne peut pas parvenir à une terre promise avec ce genre de souvenir dans le crâne. Car, qui dit souvenir, dit désir, dit désir de retourner sur la terre de captivité. Le temps de désert est donc le temps de la purification du désir.
 
40 ans est le temps de perdre le goût des viandes grasses de l’Égypte, à savoir, la saveur de la captivité en Égypte. Si la captivité a toujours de la saveur, alors, on n’est pas encore prêt pour la vie libre.
 
Un moine racontait le temps qu’il lui a fallu pour qu’un certain passé cesse de conditionner son présent ; le temps nécessaire pour mettre ce passé à distance.
 
La parole de Dieu est le socle sur lequel nous pouvons bâtir notre existence. Si l’on pouvait faire entendre cela au monde et, en premier lieu, aux chrétiens. De la sorte, c’est l’espérance qui guiderait le monde, à savoir, l’assurance en la parole de Dieu. Ainsi, notre savoir et notre technologie se mettraient au service de l’espérance.
 
L’accomplissement de la parole de Dieu se manifeste par des sauts, comme le passage de la mer rouge, des événements tellement irrationnels qu’ils ne cadrent pas avec notre monde. Il se manifeste par le fait que les Hébreux mangent désormais des produits de la terre. L’affront égyptien est lavé ! Ils sont maintenant autonomes. Ils peuvent se nourrir eux-mêmes. Ils ont retrouvé leur dignité.
 
Nous exerçons notre solidarité, comme Dieu exerce sa compassion. La solidarité est une histoire de largesse de cœur. Elle révèle que vous êtes capable de prendre sur vous-mêmes pour sauver autrui, pour tirer l’individu de sa mouise.
 
Voilà la parabole que Jésus adresse aux pharisiens et aux scribes qui ne résonnent que sur le plan juridique, comme si le monde était gouvernable par un algorithme.
 
En ce sens, la parabole des deux fils est assez exemplaire. Elle nous rappelle une autre parabole, celle des ouvriers de la dernière heure. 
Les deux fils sont animés d’une même fureur de vivre. Le cadet ose. L’aîné temporise.
Le cadet se lance tête baissée. Néanmoins, le principe de réalité le rattrape bien vite. Il se prend une grande claque dans la figure.
Il envie même le sort des porcs. Pour un Hébreu, c’est allé loin dans la déchéance. Il aurait au moins de quoi manger. Certaines personnes sont capables de descendre très bas pour avoir quelques miettes, mais des miettes salutaires.
Ensuite, il se projette dans la figure du serviteur et cette figure lui permet de repartir dans la vie, car sa vie s’était arrêtée.
 
L’image de la miséricorde se manifeste, le Père, l’être au grand cœur n’écoute même pas la phrase que son fils avait apprise par cœur.
Le Père ne calibre pas sa réaction en fonction de la faute commise, mais sur le choix de la vie. Il y a là une nuance abyssale.
 
Le cadet a manifesté son désir de la vie et son choix est irrévocable, voilà pourquoi il est devancé. Il n’a même pas le temps de dire sa formule.
 
Le Père l’élève, lui qui avait rêvé d’être un porc, le père l’élève, non pas au rang de serviteur, mis à celui de prince.
Merci à l'auteur de cette image
Le fils aîné n’est pas si différent du fils cadet. Son sens de la justice en témoigne.
Si j’avais été toi, jamais je n’aurais accepté de recevoir ce débauché.
 
Le Père lui répond « ton frère qui était mort, il est revenu à la vie ».
 
En fait, sa perdition était bien plus profonde, bien plus radicale que tu ne l’imaginais.
 
Ce retour est bien plus extraordinaire que tu le ne crois, et moi, je n’avais pas le choix.
 
Devant la résurrection, on s’incline, car la vie a parlé.
 
Mais toi, mon fils aîné, toi qui es vivant, tu devrais comprendre cela, que l’on doit se ranger du côté de la vie, car la vie est plus précieuse que les égarements.
Le fils aîné dit avoir toujours travaillé pour le Père; il n’a jamais demandé un chevreau pour festoyer avec ses amis.
 
En d’autres termes, j’ai conscience de la part d’héritage qui me revient. Je ne suis pas une bonne poire.
 
Je n’ai jamais réclamé la part qui me revient. Mais, je connais la valeur des choses.
 
Le Père lui dit, « toi, tu es toujours vivant ». Enfin, je crois que tu es toujours vivant et donc capable de te réjouir de la vie. Peut-être que tu n’es pas si vivant que cela, ou que tu n’es pas vraiment avec moi.
 
Un cercle vertueux se forme quand l’accomplissement de la parole de Dieu, le retour à la vie, la compassion, l’entrée dans la joie du Père se donnent la main.

Roland Cazalis, compagnon jésuite

Jos 5, 9a.10-12) ; Ps 33 (34), 2-3, 4-5, 6-7 ; 2 Co 5, 17-21 ; Lc 15, 1-3.11-32

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