Jardinier de Dieu

Jardinier de Dieu

Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Dimanche 29 janvier 2023 - 4ème dimanche ordinaire, année A

Publié par Roland Cazalis, compagnon jésuite sur 28 Janvier 2023, 12:35pm

Catégories : #homélie_cazalis

La mise en scène des Béatitudes par saint Mathieu met à profit le symbolisme biblique.
 
Nous avons un Christ, véritable nouveau Moïse par l’autorité de sa parole. Il promulgue une nouvelle Loi ou une seconde Loi après celle de Moïse et cela depuis la montagne qu’il gravit. Tous les identifiants sont en place.
 
Il serait intéressant de voir comment s’articulent les deux Lois, quel est le point fixe leur permettant de tourner l’une par rapport à l’autre.
 
Il y a une tension interne aux huit paroles ou huit dabarim que la liturgie du jour a retenu.
 
La seconde Loi est centrale dans l’évangile, à l’instar de la première dans la Thora.
 
La tension s’exprime entre un état présent, un état réel et un accomplissement futur.
 
L’état présent devient aussi un chemin, une option, un charisme, une voie
 
Vous connaissez mes idées sur cette question. Chaque voie, chaque béatitude, chaque parole ou chaque dabar est un ministère comme tel qui signe l’accord à l’être même du Christ.
 
C’est en cela et probablement seulement que l’anaphore ou la reprise du même mot « bienheureux ou heureux » au début de chacune des paroles peut être comprise.
 
« Bienheureux êtes-vous », car vous êtes du Christ dans la voie qui correspond à votre vocation, à votre charisme, à l’aspect du Christ qui transparaît en vous. « Bienheureux êtes-vous » en raison de votre engagement dans le monde qui manifeste un aspect du Christ.
 
Que vous en soyez conscient ou non, cet aspect du Christ est votre paix, votre consolation, votre énergie, peu importe le nom par lequel vous nommez votre joie intérieure.
 
Voilà pourquoi le Christ dit « heureux », car c’est un état réel et présent.
 
L’état présent du disciple est aussi aux prises avec les réalités du monde. Les réalités du monde ne sont jamais neutres. Elles sont rarement  favorables ou en phase avec l’aspect du Christ que manifeste le disciple.
 
Le disciple sera toujours sujet à l’incompréhension, à la malveillance, à la persécution des proches ou des lointains.
 
Dans le verset 12b, le Christ rappelle cette signature : « c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés »
 
Voilà, probablement, un point commun entre la première et la seconde Loi.
 
Ainsi, la tension n’est pas seulement dans la formulation des huit paroles ou huit dabarim.
 
La tension est surtout au niveau du disciple aux prises aux réalités du monde, mais vers un accomplissement du disciple et la transformation des réalités du monde.
 
Il y a disciple quand ce dernier trouve en Christ un aspect de sa personnalité lui permettant de s’identifier à lui.
 
Ou alors, il y a disciple, quand un aspect du Christ vient énergiser le disciple et constituer sa joie intérieure (peu importe le nom que porte la joie) ou constituer son carburant, son logos, son mode de pensée, sa fierté, etc. dans la trajectoire qu’est son chemin de vie.
 
Que produit ce chemin de vie ainsi vécu ?
 
Quelque chose de ce que raconte Paul aux corinthiens. Non pas des gens modestes, des gens sans instruction, des faibles, des petits ou des pauvres. Mais, des gens qui ont été simplifiés, des gens qui ont été unifiés, des gens polarisés autrement que par la logique mondaine.
 
Des gens polarisés dans le sens de la conformation de leur être à celui du Christ.
Voilà sans doute ce que vise la seconde Loi, la conformité à l’être du Christ puisqu’il est la personnification de la Loi.
 
Voilà pourquoi la seconde Loi est si centrale dans les évangiles.
Roland Cazalis, compagnon jésuite
So 2, 3 ; 3, 12-13 ; Ps 145 (146), 7, 8, 9ab.10b ; 1 Co 1, 26-31 ; Mt 5, 1-12a
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Articles récents