Dimanche 30 avril 2017
Actes des Apôtres 2,14.22b-33. ; Psaume 16(15),1-2a.5.7-8.9-10.11. ; 1Pierre 1,17-21. ; Luc 24,13-35.
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« Et, partant de Moïse et de tous les prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait »
Le Christ est aussi invisible/ visible dans l’Ancien Testament qu’après la résurrection.
Il est connu dans l’AT comme celui qui doit venir. En conséquence, plutôt que d’imaginer ce qu’il pourrait être, il suffit de s’enquérir de ce qui est dit de lui.
Pareillement, le Christ nous donne dans ce texte de Luc une clé de lecture de l’AT, c.-à-d. une manière de partir à sa recherche comme ceux qui courent à l’annonce de la découverte du tombeau vide par les femmes, ou ceux qui se laissent rencontrer et instruire sur le chemin d’Emmaüs.
Partir à la rencontre du Christ dans l’AT, ce n’est pas seulement lire quelques passages sur l’annonce de la « souche de Jessé », ou plus explicite, le récit du serviteur souffrant dans le deutéro-Isaïe.
La rencontre du Christ se fait plus propice dans les textes dits sapientiaux : le livre de la sagesse, les psaumes, Ben Sirac le sage, etc.
J’ai déjà souligné plus d’une fois l’importance du long psaume 118 qui, quand on l’aborde dans cette perspective, se révèle très propice à cette rencontre, car ce texte peut être lu comme la prière du Christ au Père éternel.
Dans cette prière, le Seigneur peut se donner à voir, peut se laisser trouver, comme il s’est fait connaître à la fraction du pain.
On voit bien qu’il n’y a pas une porte ouverte du texte à la rencontre, mais qu’il s’agit chaque fois d’un événement.
La grâce de l’Incarnation c’est que Jésus le Nazaréen se tourne vers le Père, comme n’importe qui et nous montre par là comment il faut faire.
Il montre surtout qu’il est habité par le besoin de la prière, le besoin de passer du temps, la nuit le plus souvent, en présence du Père. Bien entendu, cela fait partie de sa vocation.
Si l’on prend le psaume du jour, que dit-il ?
« Garde-moi, mon Dieu : j’ai fait de toi mon refuge.
J’ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu !
Seigneur, mon partage et a coupe :
De toi dépend mon sort »
Pierre met ces paroles dans la bouche de David, au temps où David était tourné vers Dieu.
Nous pouvons aussi mettre ces paroles dans la bouche du Christ et penser à sa période pastorale, et éprouver ce qu’il éprouve quand il dit ces paroles. C’est une manière de se faire proche de lui.
Maintenant, à notre tour, quand nous disons ces paroles, c’est plutôt lui qui prie avec nous, c’est lui qui nous soutient dans la prière.
« Tu ne peux m’abandonner à la mort
Ni laisser ton ami (ou ton fidèle) voir la corruption »
« Ni laisser ton ami »
Est-ce que je me considère comme un ami du Seigneur ?
Est-ce cela m’intéresse ?
Est-ce que cela me fait envie ?
Ainsi, nous sommes invités par cette manière de lire l’AT, à retrouver le Christ, non pas seulement comme celui qui doit venir, mais comme celui qui est et qui agit aux côtés du Père éternel.
Probablement, ces textes de l’AT, avec cette clé de lecture, demeurent une source inexplorée, un réseau de chemins sans fin pour avancer dans la prière, et cela, d’une manière assez simple, sans la nécessité d’interprétations sophistiquées.
Au lieu de l’interprétation sophistiquée, c’est l’école du goût ; c’est plutôt le goût que l’on éprouve qui nous guide, ou le cœur brulant des pèlerins d’Emmaüs que nous pouvons éprouver qui nous guide, et la trace que cette saveur, la trace de cette brulure nous laisse dans la mémoire qui nous renseigne que nous sommes dans la vérité.
Ce goût, ou cette brulure est une expérience de l’intime, comme l’est l’eucharistie.
Il n’y a rien de plus intime que l’acte de manger ou de boire. L’eucharistie est un repas ; ce n’est ni un hasard, ni une coïncidence.
Oui, nous sommes invités à écrire notre propre récit du Christ, à écrire notre propre récit avec le Christ, comme le font ces pèlerins d’Emmaüs. Demandons cette grâce.
Amen.
Père Roland Cazalis
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