Jardinier de Dieu

Jardinier de Dieu

Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


2e Dimanche carême, année B, 28 février 2021

Publié par Roland Cazalis, compagnon jésuite sur 27 Février 2021, 11:43am

Catégories : #homelie_cazalis

Nous sommes tous, à un moment donné de notre vie, et tour à tour, Abraham, Isaac et Jacob. En première analyse, il s’agit d’une figure ternaire qui éclaire celles et ceux qui s’engagent dans la vie avec Dieu.
 
 
Abraham est l’appel fondamental à la vie qui est la nôtre.
 
Le chemin traverse le bien que l’on est disposé à laisser pour avoir part à cette vie à laquelle nous sommes appelés.
 
En réalité, on ne laisse rien. C’est la vie qui nous appelle, c’est la vie qui nous emmène.
 
Paul de Tarse formule ce oui à la vie en ces termes :
 
« Mais tous ces avantages que j'avais, je les ai considérés comme une perte à cause du Christ. Oui, je considère tout cela comme une perte à cause de ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur. À cause de lui, j'ai tout perdu ; je considère tout comme des balayures, en vue d'un seul avantage, le Christ, en qui Dieu me reconnaîtra comme juste. » (Phil.3, 7-11).
 
Paul n’a pas eu à se faire violence pour se défaire de quoi que ce soit. Il a simplement acquiescé.
 
Si l’on résiste à l’appel, alors c’est le signe que l’on est arrêté par de failles profondes de la personnalité.
 
Pour Abraham, il dut d’abord quitter son pays et la maison de ses pères.
 
Puis, il dût se séparer d’Isaac.
 
Attention, nous ne sommes pas dans la logique de la transaction !
 
Voilà bien une caractéristique qui distingue la Révélation de l’esprit de la religio tel qu’il se pratique dans la Mésopotamie ancienne où il faut offrir pour recevoir et l’offrande doit être acceptée pour être efficace.
 
L’esprit de la transaction est tenace, car nous avons un sens de la justice.
 
Néanmoins, nous devons rectifier, car dans la Révélation, Dieu a l’initiative et est celui qui pourvoit.
 
De toute façon, nous ne pouvons rien donner d’équivalent à Dieu, car il n’a besoin de rien. En outre, ce n’est pas l’esprit de la Révélation.
 
Dieu veut que nous nous voulions, et à la même hauteur que la puissance de vie qui nous est donnée.
 
Si Dieu nous demande de nous dessaisir de ce que nous semblons chérir au début, c’est pour que nous prenions conscience de ce que nous voulons.
 
Notre désir doit rejoindre l’Esprit, c.-à-d. il doit égaler le désir de l’Esprit en nous.
 
Ici se situe un tournant. Quoi que l’on fasse, l’appel tiendra jusqu’au bout. Dieu ne reprend pas ce qu’il donne.
 
Il s’agit bien entendu de l’exhortation « va jusqu’à ce point-là, puisque c’est le tien ; va jusqu’à toi ».
 
Voilà l’appel à l’obéissance à soi.
 
Il est dit à Abraham, « ne t’arrête pas en chemin ; ne t’approprie pas d’Isaac».
 
Isaac n’est pas la terre promise. C’est une personne.
 
 
Ce qui est demandé à Abraham, est également demandé au Christ, chacun selon sa catégorie bien entendu.
 
Dans cette parabole, le Christ est Abraham et Isaac en même temps. Abraham est comme sa volonté, et Isaac est comme sa réceptivité.
 
On voit que si le Christ passe par ce qu’a vécu Abraham-Isaac-Jacob, la figure ternaire, c’est qu’il y a là une forme de structure de l’existence, puisque cette structure se retrouve en Dieu lui-même.
 
Voilà pourquoi Jésus exhorte sans arrêt à cette ouverture à l’existence à laquelle Dieu appelle.
 
 
Au Christ, il est également demandé d’aller au bout, ne t’arrête même pas au Christ, mais va jusqu’au Verbe.
 
C’est Jean qui témoigne ensuite en disant que le Verbe est venu habiter parmi nous, nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il avait auprès du Père.
 
Mais ce Verbe, c’est le Verbe d’après la résurrection.
 
Ce Verbe est désormais devenu celui que nous devons connaître. Il ne s’agit plus de penser le Verbe dans la Trinité avant la création, car il s’agirait là d’une fiction théologique.
 
En l’occurrence, Pâques nous invite à aller vers le Verbe, celui qui a passé la mort.
 
Ainsi, quand on parle du Verbe de Dieu, on peut ne pas saisir le sens exact de cette formule. En revanche, quand on voit le Christ à l’œuvre, alors on comprend son rôle.
 
Le Verbe de Jean est celui qui est passé par l’histoire.
 
Alors, la transfiguration, dont trois apôtres en sont témoins, est encore une confirmation du choix du Christ.
 
Les paroles de grâce que Dieu adresse à Abraham font fonction de « transfiguration » ou de confirmation de son choix.
 
Il était réellement sur le point d’offrir Isaac, car il avait confiance en Dieu, au sens où Dieu sait ce qu’il fait.
 
Voyez la différence entre Abraham et Job, ou entre offrir et perdre.
 
Paul dit une phrase qui va dans ce sens : « Dieu est celui qui rend juste ».
 
Dieu sait ce qu’il fait et ce qu’il nous demande. C’est lui qui rend juste. De là découle la foi d’Abraham.
Roland Cazalis, compagnon jésuite
Gn 22, 1-2.9-13.15-18 ; Ps 115 (116b), 10.15, 16ac-17, 18-19 ; Rm 8, 31b-34 ; Mc 9, 2-10
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