D’après les érudits, l’auteur du livre de Baruch est un sage du 2ème siècle avant notre ère, tandis que le Baruch historique est le secrétaire du prophète Jérémie vers 582 avant notre ère. Il aurait copié la lettre dictée par Jérémie et destinée aux juifs déportés à Babylone. Vous pouvez retrouver le contenu de cette lettre dans Jr 29.
Le scribe de la première lecture se met dans la peau de Baruch pour s’adresser aux juifs de la diaspora, donc dispersés de par le monde, comme s’ils étaient en exil comme ceux à Babylone.
Il les exhorte au retour massif à Jérusalem qui aurait retrouvé sa gloire d’antan. On retrouve le vocabulaire des prophètes du retour de Babylone.
Dans cette logique, la sortie d’Égypte est le premier exode, le retour de Babylone est le deuxième exode et le retour de la diaspora devient le troisième exode. On pourrait avancer que la fondation de l’État d’Israël en 1948, après un mouvement de retour des juifs depuis le XIXème siècle et s’accélérant avec les événements en Europe, correspond à l’accomplissement du souhait de l’avatar de Baruch.
L’histoire semble se répéter donc. Nietzsche aurait sans doute approuvé cette remarque.
Le prophète Jean-Baptiste (JB) reprend, lui aussi, le vocabulaire qu’utilisaient les prophètes des exodes. Néanmoins, la particularité de la parole de Dieu, concentrée chez Isaïe, est de s’accomplir. Voilà pourquoi l’histoire ne se répète pas ; elle avance en dépit des soubresauts des événements.
Dans cette avancée de l’histoire, Luc met un point d’honneur à situer très précisément le moment historique de la prédication de Jean-Baptiste.
L’enseignement de JB s’accompagne d’une pratique, en l’occurrence, le baptême, l’immersion dans l’eau du Jourdain. Ainsi, ceux qui acceptent de faire confiance à la parole de JB le manifestent par ce geste éloquent, se mouiller publiquement, se faire baptiser par JB. Même Jésus fera ce geste.
On ne se baptise pas soi-même, on ne se pardonne pas soi-même ; voilà des éléments d’anthropologie de base.
On oublie souvent que le baptême de JB est une sortie de noyade. La reprise de sa respiration, la première inspiration après avoir eu la tête sous l’eau, est comme une nouvelle vie par ce symbole du souffle qui entre dans vos poumons, comme symbole de la vie qui entre dans votre être.
Le symbole est encore plus parlant chez le nouveau-né qui prend sa première inspiration après sa délivrance. S’il ne le fait pas, alors il va mal…
Néanmoins, avec le temps, nous percevons que le vrai air, le vrai oxygène que nous aimerions respirer c’est l’Esprit. Voilà l’oxygène qui nous fait réellement vivants.
À la limite, JB est là pour nous préparer, pour nous donner envie, nous faire sentir que cette inspiration nous est salutaire. Néanmoins, notre corps, notre âme désirent davantage. Nous pouvons répéter le baptême de JB dans l’attente du davantage.
Dans la même ligne, l’immersion comme geste de pardon des fautes est limitée, car l’eau ne lave que la surface de notre corps. Or la faute ne se situe pas à cet endroit. Là aussi, c’est un symbole qui est voué à la répétition.
Seule l’eau capable de traverser notre âme peut nous guérir de nos fautes ; c’est l’apanage de l’Esprit.
Nous avons intégré ce rite de baptême dans le christianisme, mais le geste est bien différent de celui de JB.
Le Christ s’est laissé plonger dans les eaux du shéol, entraînant toute l’humanité avec lui. Après avoir eu la tête sous ces eaux durant trois jours, Dieu l’a relevé. Voilà pourquoi nous respirons l’air qu’il respire, car nous inspirons avec lui. Ainsi, le salut est gratifié à toutes les nations.
Alors, quand on se fait baptiser, le salut est déjà gratifié, il s’agit d’acquiescer l’inspiration, d’acquiescer le fait d’être mis avec le Christ, et de l’être consciemment, par envie, par goût, pour le bonheur.
Le baptême est d’abord l’adhésion au Christ. Il ne convient pas de le réduire à un acte d’adhésion au corps social de l’Église.
Je fais la distinction entre le corps social et le corps mystique, car l’un fait parfois honte à l’autre.
C’est le propre de la catéchèse, ou du moins, c’est son objectif que de préparer, de donner envie à ce geste aux deux conséquences.
Le temps de l’avent fait fonction également de baptême de conversion, car déjà, nous recevons la grâce qui nous donne envie de la Nativité.
Si nous éprouvons cette envie, si nous percevons cette grâce, alors heureux sommes-nous.