Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


La Gloire et la Croix - 29ème dimanche du Temps Ordinaire – année B – 20 octobre 2024

Publié par Pascal Desbois sur 19 Octobre 2024, 20:42pm

Catégories : #Homélies

Par suite de ses tourments, il verra la lumière, la connaissance le comblera.
Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs fautes.
         Ce sont les derniers versets du quatrième chant du serviteur. Texte que nous méditons chaque vendredi Saint. Dans l’évangile, ce qu’avait prophétisé Isaïe, Jésus vient de l’annoncer pour la troisième fois à ses disciples : Il faut que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu'il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite. Cette annonce semble marquer les esprits et les disciples sont de plus en plus convaincus que Jésus est vraiment le messie attendu… Le messie attendu : c’est celui qui a tout pouvoir. La lettre aux Hébreux écrit de lui : il est le grand prêtre par excellence, celui qui a traversé les cieux.
         A la transfiguration, trois des apôtres ont vu la gloire du Seigneur. Jacques et Jean en faisaient partis ! Être aussi proche du Christ, n’est-ce pas être promis à la même Gloire ? Alors demander au Christ la Gloire qu’ils ont contemplé semble légitime voir nécessaire !… Demande audacieuse…  mais qui d’autres que les fils du tonnerre pouvait la faire. D’autant plus que cette demande habite de cœur de chacun.
La monté vers Jérusalem semble être le bon moment pour faire la demande qui les brûle… Le moment revêt toute la solennité requise : Maître, ce que nous allons te demander, nous voudrions que tu le fasses pour nous.
Que voulez-vous que je fasse pour vous ? La requête est donc déposée en bon et de la forme, à même d’être examinée : Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire.… Demander la gloire ne peut pas se faire en catimini… Elle doit se faire au vue et su de tous… La gloire ne peut être une affaire privée !… La requête est jugée par celui qui en a le pouvoir : celui qui juge des intentions du cœur… le Christ : Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé ? »
Ils lui dirent : « Nous le pouvons. » …
Leur affirmation n’a rien de présomptueux : La coupe que je vais boire, vous la boirez. Leur demande sera donc exhaussée ! Ils auront part à la gloire du Christ.
         Mais dans leur formulation il y a un point à éclaircir : Être assis, c’est le signe du pouvoir en langage biblique. Les deux disciples demandent donc à Jésus d’exercer avec Lui son pouvoir. Mais être dans la gloire de Dieu ne signifie pas être participant de son pouvoir à la manière des hommes. Sur ce point, Jésus s’en remet à son Père : siéger à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder. Et Jésus leur rappelle la gratuité absolue que doit avoir leur engagement. Après cette mise au point, Jacques et Jean vont faire l’objet de l’indignation des autres disciples. Ils ont l’impression que ceux-ci veulent se servir de leur proximité avec le Seigneur pour bénéficier de certaines prérogatives. Face à ce différent très humain, Jésus va donner une règle de gouvernement : les grands font sentir leur pouvoir sur les nations. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Cette règle, il a d’ailleurs lui-même appliqué : Son pouvoir, il l’exerce en prenant sur lui le poids des péchés des hommes. Nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, dit la lettre aux hébreux.
         Si l'on parcourt les évangiles, on voit que Jésus n’a jamais fait sentir son pouvoir sur quiconque. Il laisse toujours ses interlocuteurs libres d’adhérer ou non à la vérité qu’il leur révèle ! Libre d’adhérer ou non à sa Personne. Son Pouvoir, c’est en fait le pouvoir de nous rendre libre pour nous conduire à la Vérité… Son Pouvoir, il le possède de toute éternité, et c’est à la Croix qu’il nous le révèle pleinement par le pardon des péchés : la Liberté absolue de Dieu.
         Le serviteur souffrant, c’est celui qui s’est fait esclave de tous en se laissant enchaîner aux péchés des hommes. Quant aux hommes, ils restent humains : les grands font sentir leur pouvoir. Pourtant Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi nous dit Jésus, Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur… Il y a un hiatus entre le serviteur et l’esclave… il y aura toujours un hiatus entre le Christ, l’unique rédempteur, et les hommes… Alors : Être serviteur de l’Esclave pour participer à sa Gloire ! Tel est la réponse de Jésus à Jacques et Jean !
Merci à l'auteur de cette image
Comme dans toute société humaine, des pouvoirs vont s’installer au sein de l’Église et avec eux des luttes. L’histoire de l’Église en est marquée. Alors : ne pas faire sentir son pouvoir… aussi petit qu’il puisse être ! Le modèle du serviteur, c’est l’esclave : c’est le Fils de l’homme qui n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. On comprend  la radicalité du propos de Jésus : Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous. Cela peut nous paraître bien difficile, voire idéaliste. Pourtant Isaïe affirme : Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs fautes.  C’est par le service que nous exerçons notre seul véritable pouvoir.
Servir Dieu rend l’homme libre comme Lui !
- Amen
Pascal Desbois, vicaire de la paroisse Colomiers
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