Jardinier de Dieu

Jardinier de Dieu

Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


28e Dimanche ordinaire, B - 14 octobre 2018.

Publié par Père Roland Cazalis sur 13 Octobre 2018, 23:07pm

Catégories : #homelie_cazalis

Dans les trois textes que nous venons d’entendre nous parvient la même rumeur. C’est le même flux qui les traverse, qu’on le nomme la sagesse par l’entremise du songe de Gabaon et de la figure de Salomon, qu’on la nomme la Parole de Dieu dans le texte aux Hébreux ou encore qu’on la nomme le désir de la vie éternelle dans le texte de l’Évangile.

Dans le fond, tous ces gens désirent la même chose.

L’auteur de la première lecture vit pleinement de cette réalité et ne veut pour rien au monde la perdre. D’ailleurs, ce n’est pas quelque chose  que l’on possède, mais une réalité qui nous habite et que l’on reçoit.

Vivant de cette réalité, ce que l’on reçoit dans la vie ne se compare plus avec ce que reçoivent les autres, ou avec ce que l’on met habituellement en valeur. Ce dernier est toujours la même chose, et c’est d’ailleurs lui qui est devenu la métrique du monde avec laquelle on vous juge, on vous évalue, y compris dans l’Église.

Même au sein de l’Eglise, vous verrez bien si l’on vous applaudit, si l’on dit de vous, « c’est dommage,  car vous avez des qualités suffisantes pour être mieux positionné », à moins qu’on ne rie doucement de vous.

Oui, dès lors, ce que vous recevez de la vie ne se compare plus avec ce que reçoivent les autres, car il s’apparente à un terrain d’entente entre la nature de cette réalité qui vous habite et votre désir de fond.  

Dans la lettre de Paul aux Hébreux, cette réalité est désignée comme « la Parole de Dieu ». Cette réalité ne juge pas, elle ne juge personne. Elle est simplement présente. Elle est là ; on ne peut l’ignorer. Chacun est donc amené à s’y situer ! D’où l’impression d’être jugé.  En fait, il s’agit d’un autojugement !  

Cette réalité se donne à voir dans l’évangile de Marc sous la figure du désir - une tension intérieure que nous connaissons bien-   le désir de l’homme qui appelle le Christ « bon maître ».

J’aime bien le mot « héritage », car il renvoie à plus tard, il renvoie au plus tard possible. Les séries B américaines ont mis en scène plus d’une fois les déboires de ceux et celles qui ont voulu l’héritage tout de suite, au point de prêter main-forte à son avènement.

Cet homme sent poindre en lui ce désir, un bien noble désir ! S’il lui fait toute la place, alors il pourrait bien l’amener à changer de vie, à changer de regard, à changer d’orientation dans la vie. Ici, l’instinct de conservation devient son adversaire.

L’homme de l’évangile de Marc exprime donc un désir qu’il aimerait réaliser dans l’avenir. Mais, jésus répond  en souriant en lui-même, mais avec gravité, pas dans l’avenir, mais maintenant, tout de suite, car cette réalité est toujours dans le maintenant, dans l’ici et maintenant, pas demain ou plus tard.

Ce n’est pas par hasard que dans les temps passés, certains grands de ce monde recevaient le baptême dans leur lit de mort, le plus tard possible, en commençant par l’empereur Constantin, celui-là même qui convoque le concile de Nicée. Tous ces grands personnages savaient bien que leur vie allait changer.

Du coup, cela nous donne la définition de celui qui est qualifié de riche selon l’Évangile.

Est riche celui qui préfère le monde qu’il s’est construit, celui qui préfère le personnage qu’il s’est construit à la face de monde, même si ce qu’il considère grand, réussit, digne de lui, est en fait mineur et voire  ridicule. C’est le fameux syndrome du crapaud qui se prend pour un bœuf.

Est riche donc celui qui préfère le monde qu’il s’est construit devant les hommes au lieu de recevoir l’Esprit, cette réalité qui nous recevons et qui habite en nous.

Est riche, celui qui préfère son monde, et préfère rendre compte au monde  afin d’être reconnu de ses pairs au lieu d’ouvrir son cœur à l’Esprit de Dieu, l’Esprit qui le mènera ailleurs, vers de plus grands biens, mais pas selon la métrique du monde.

J’ai toujours en mémoire les paroles d’un religieux qui faisait allusion d’une manière quasi résignée à l’ambiguïté de sa vie sur ce point précis. Ouvrir ou ne pas ouvrir son cœur à l’Esprit, tel est la question fondamentale à laquelle il semblait avoir déjà donné une réponse…

Vous l’avez bien saisi : le choix, le vrai choix a lieu toujours entre deux biens de grande valeur !

Qu’est-ce qui peut nous faire pencher d’un côté ou de l’autre ?

À ceux qui ont fait le choix de n’avoir à rendre compte qu’au monde et sa métrique, Jésus leur dit : vous avez déjà votre récompense ou votre héritage.

Vous avez votre héritage, mais vous n’avez rien d’autre !

En fait, vous n’avez rien !

Père Roland Cazalis
Sg 7, 7-11 ; Ps 89 (90), 12-13, 14-15, 16-17 ; He 4, 12-13 ; Mc 10, 17-30
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