Is 25,6-10a ; PS 22(23) ; Ph 4,12-14, 19-20 ; Mt 22,1-14
28e dimanche ordinaire, année A, 11 octobre 2020
La tonalité des textes d’Isaïe et de l’évangile est celle d’une invitation à entrer dans la joie de Dieu, une invitation à partager sa joie, car c’est l’objet de la création, c’est l’objet de l’appel à la vie, si jamais on devait chercher un pourquoi.
Cela donne tout de suite une image de Dieu.
Alors, cette invitation prend forme dans toute une histoire, qui est l’histoire de l’humanité, et l’humanité perçoit cet appel. Elle a tenté de prendre le chemin vers Dieu comme elle le sentait tout au long de l’histoire.
Mais l’initiative ne pouvait venir que de Dieu, quand les temps furent mûrs. Il fallait éduquer l’humanité pour qu’elle sache qui elle est exactement, quelle est sa noblesse et qu’elle apprenne à vivre à hauteur de cette noblesse, à hauteur de ce qu’elle est réellement.
Nous sommes donc invités à entrer dans cette joie, mais non pas de manière forcée.
Les institutions qui se font les porte-paroles de Dieu, souvent avec des maladresses plus ou moins prononcées, poursuivent cette mission d’éducation pour que les peuples soient suffisamment informés, pour qu’ils soient en capacité de choisir.
Nous ne devons pas laisser les peuples dans l’ignorance.
Voilà la part du travail que nous devons faire, quant à nous, car nous savons par ailleurs que Dieu éduque de son côté.
Dieu se révèle à certaines personnes, directement, sans passer par les fourches caudines des institutions.
Nous sommes invités, mais quand nous répondons, nous ne devons pas faire semblant ; notre réponse ne doit pas être formelle, et notre réponse ne doit pas être faite sous la contrainte.
Nous ne devons pas nous contraindre. Nous devons rester libres.
Il est dit qu’il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus. Nous voyons bien que l’élection n’est pas le fruit du bon plaisir du prince. L’élection est aussi liée à la disponibilité de l’élu, qui en dernière analyse répond positivement.
Paul de Tarse, voilà un élu ! C’est un cas particulier !
Mais, il n’y a que des cas particuliers. Paul, voilà un homme que Dieu a instruit directement sans passer par l’institution.
Ce n’est pas sa grande connaissance de la Loi qui l’a mené jusque là, mais bien parce que le Christ s’est tourné vers lui, autrement dit, l’expérience de Dieu par le Christ.
C’est cela qui nous instruit véritablement, ou du moins, c’est ce savoir-là qui compte.
Paul ensuite témoigne des conséquences de cette élection : « je peux tout en celui qui me donne la force, ou en celui qui me justifie ».
Il parle de la liberté acquise ou de sa souplesse. « Je peux vivre de peu, comme dans l’abondance ». Je ne suis attaché ni à l’une ni à l’autre condition de vie.
Je vis dans la condition où la mission me mène.
Ce qui compte c’est l’attachement au Christ, qui se traduit par l’investissement dans la mission.
Paul parle de lui ! Il ne demande pas de l’imiter. À chacun sa mission et les conditions de sa mission.
Si vous n’êtes pas un itinérant, vous devez organiser votre vie.
Si vous avez une famille, vous devez prévoir. C’est normal, et c’est le bon sens.
Cependant, il y a quelque chose que tout le monde peut entendre, quel que soit son état de vie.
Cette chose, c’est comment j’implique le Christ dans ma trajectoire ? Néanmoins, la question est encore mal formulée.
La bonne formulation serait, « comment marchons-nous ensemble ? », ou « est-ce que ce que je veux est également ce qu’il veut, ou est-ce que ce qu’il veut est pareillement ce que je veux ? Et cela, sans me contraindre, ou sans être contraint ».
Je suis un invité de la dernière heure aux noces, je réponds positivement, en mettant mon habit de lumière.
On voit bien que les noces sont l’autre face de la vigne.
Paul de Tarse est clairement un invité de la dernière heure à la vigne ou aux noces.
Ce que je veux ou ce qu’il veut n’est écrit nulle part, sinon dans ma motion intérieure.
Roland Cazalis, compagnon jésuite
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