Manger sa chair, cela ne me serait pas venu à l'idée ! Pourtant non seulement ce sont ces paroles qui viennent au Christ, mais à ceux pour qui elles résistent, il insiste et rajoute ! Cela dit déjà une chose de la bonne nouvelle : ce qui nourrit résiste ou peut résister. De fait, Jésus reprend son "refrain" avec à chaque fois un petit plus, une nuance, pour le faire entendre. Un jour peut-être une miette du refrain passera, et des catéchumènes s'engendreront, qui sait ? J'ai compté, le refrain revient 9 fois dans ce petit passage !
1. Je suis le pain de vie. 2 Il donne la vie éternelle, pas de la vie en apparence. 3 Ce pain, c'est ma chair donnée pour la vie du monde. 4 A manger ma chair, à boire mon sang, vous aurez la vie. 5 Et même la vie éternelle, car je ressusciterai celui qui en mange et boit. 6 Ma chair, mon sang, c'est la seule vie qui soit. 7 Celui qui fait ainsi demeure en moi et moi en lui. 8 Celui qui me mange, je l'envoie car il vit par moi. 9 Qui mange ce pain vivra éternellement... Voilà le menu, la bonne nouvelle de ce jour. Curieux repas, non ? On ne le sert pas au resto. Mais suis-je plus éclairé maintenant, pas sûr. Alors qu'entendre ? Au moins une question qui m'est posée : "Qu'est-ce qui me fait vivre ? Qu'est-ce qui me nourrit ? Qu'est-ce qui donne de ressusciter ? Qu'est-ce qui me fait demeurer dans une alliance réciproque et m'envoie donner la vie, comme lui s'est laissé envoyer ?"
Je n'aime pas être mangé, happé par les foules et les sollicitations diverses. Lui, le Christ, les foules ne l'ont pas arrêté. Il a porté sur elles un regard de compassion. Il l'a porté sur moi, sur nous. Il a logé chez les malades et les pécheurs. Ils étaient son pain. Quand même, l'Évangile bu et mangé à plusieurs, là oui, ce fut un trésor et ça le reste. Paul l'a découvert, qui invite à s'enivrer non pas de vins mais d'Esprit Saint ! L'Esprit Saint donne le goût de nous retrouver en partageant des chants, des psaumes, des actions de grâce. Comme le Sage, il apprend que ce qui nourrit n'est pas folie, agitation ou paroles perfides. Le pain des intelligents se révèle dans l'Évangile : c'est le Saint Sacrement, pourrait-on dire, qui n'est pas pour les étourdis ! C'est Dieu qui se donne en son Bien-aimé. En son bien-aimé, rien à soi, tout à l'autre, dans une réciprocité pleine, pour la vie du monde.
Éclairés ? Pas sûr, alors Seigneur, apprends-nous, apprends-moi, le temps qu'il faudra, à manger ta chair et boire ton sang en toute notre vie !
Pr 9, 1-6 ; Ps 33 (34), 2-3, 10-11, 12-13, 14-15 ; Ep 5, 15-20 ; Jn 6, 51-58