Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Lc 10, 38-42 se recevoir vraiment comme créature - lundi 29 juillet 2024

Publié par Jean-Luc Fabre compagnon jésuite sur 29 Juillet 2024, 14:44pm

Catégories : #Homélies, #JLfabre, #évangile commentaire

Luc 10, 38-42 : En ce temps-là, Jésus entra dans un village. Une femme nommée Marthe le reçut. Elle avait une sœur appelée Marie qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Quant à Marthe, elle était accaparée par les multiples occupations du service. Elle intervint et dit : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ? Dis-lui donc de m’aider. » Le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. »

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Voilà, deux aspects à retenir de notre écoute de ce passage de saint Luc, pour nous, qui cherchons à être des intimes du Seigneur, d’en avoir une connaissance intérieure… deux aspects à recevoir et à prendre en considération…

Une amitié profonde donne de cheminer sur le chemin de la vraie vie

Oui Jésus a cheminé en son humanité et dans sa mission, à travers les rencontres, celles, nombreuses, régulières, vécues durant sa vie secrète mais certainement aussi celles vécues durant sa vie publique et parfois en établissant encore des liens spécialement puissants et durables comme dans les différents évangiles, l’atteste ce qui est dit de ce qui a été vécu entre lui : Jésus et la fratrie composée de Lazare de Marthe et de Marie…

Incidemment, notons que la fête que nous célébrons aujourd’hui, celle de cette fratrie, a été érigée, très récemment, le 26 Janvier 2021 par le Pape François.

Echos de ces relations étroites qui reviennent à notre mémoire chaque fois que nous évoquons Marie, Marthe ou Lazare : « Voyez comment il l’aimait » dit la foule à partir des pleurs de Jésus à l’enterrement de son ami Lazare, et ici dans le passage que nous venons d’entendre Marthe, la grande sœur, en tous les cas, celle qui régente, n’hésite pas à mettre Jésus dans le coup pour la crise qu’elle a avec sa sœur Marie : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ? Dis-lui donc de m’aider. ». Jésus est proche d’eux tous et de chacun d’eux. L’échange entre eux quatre : Jésus, Marie, Marthe et Lazare est fluide, vivifiant, libre, équilibré. En fait, la maisonnée des trois nous apparait comme particulièrement vivante, vivifiante même et, par cela, attirante pour les voisins comme le montreront la mort de Lazare qui rassemblera une foule nombreuse ainsi que le dernier repas pris entre amis quelques jours avant l’arrestation du Seigneur selon Jean où Marie répandra le parfum sur les pieds de Jésus.

La meilleure part, c’est celle qui ouvre sur tout le reste de la personne

Alors, au-delà de cette atmosphère d’amitié profonde où se dit et se vit, dans le quotidien, l’évangile et son annonce, quelle est donc pour nous la bonne nouvelle qui nous est adressée ? Nous, d’une manière ou d’une autre, nous sommes impliqués dans cette quête d’une écoute plus profonde du Christ, écoute qui nous appelle, peut-être et même certainement, à évoluer nous-même, à nous situer autrement, à nous comprendre autrement. Et là, nous nous retrouvons devant deux sœurs avec des attitudes différentes… alors la question est peut-être de se dire que ce n’est pas de juger l’un ou de juger l’autre qui importe mais de considérer le tout. Non pas chacune des personnes, mais la maisonnée entière, tout comme dans la parabole du Père et des deux fils, c’est la famille et son unité à considérer et nos isolément chacun des membres. Dans cette perspective, la vie se manifeste du côté de la fluidité, du passage de l’attitude de l’une à l’attitude de l’autre…

Alors quand Jésus dit à Marthe parlant de sa sœur : « Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. » Jésus pointe la dimension sacerdotale, cette dimension profonde en chacun de nous, où nous sommes pure réceptivité, où, à l’orée même de notre conscience, nous nous recevons d’un autre, du Père et où nous nous offrons à Lui. Marie écoute la parole de Jésus et laisse cette parole filiale, celle du Fils, la conduire en ce point profond de son être à elle. Là où je nais à moi-même dans la relation fondamentale avec mon créateur, celui que je puis appeler « mon Père ». Là, je perçois que je reçois, du Père, mon élan de vie. Je puis alors, en son nom, donner à mon élan de vie, reçu et offert, d’ordonner la situation qui est la mienne en ce jour. J’exerce ainsi ma primauté royale, comme pur « lieu tenant » de Dieu. Je puis également être attentif à mon prochain et pouvoir lui adresser une parole prophétique pour lui donner de cheminer de manière renouvelée sur son propre chemin de vie. A chaque fois, ma double capacité d’action prend sa vigueur de mon être sacerdotal. Je surgis libre enfant de Dieu, en la situation. Je ne suis pas contraint par elle. Marie fera bien ainsi comme prophétie en allant à Jésus pour l’appeler à sauver son frère Lazare, Marie fera bien ainsi en oignant les pieds de son maître à la fin de sa vie, le reconnaissant comme Messie devant tous et l’honorant telle une reine humble et courageuse. « Marie a choisi la meilleur part, elle ne lui sera pas enlevée ». Sachons habiter nous-même cette part sacerdotale à partir de laquelle tout s’exprime de moi justement comme roi et prophète.

Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite

Marthe Marie… pourquoi pas deux parties de nos êtres à faire grandir ensemble, plutôt que de les opposer ? (Merci à l’auteur de la photo)

Marthe Marie… pourquoi pas deux parties de nos êtres à faire grandir ensemble, plutôt que de les opposer ? (Merci à l’auteur de la photo)

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