Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Dimanche 12 avril 2019

Publié par Père Roland Cazalis sur 11 Mai 2019, 14:05pm

Catégories : #homelie_cazalis

« J’ai fait de toi la lumière des nations pour que, grâce à toi, le salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre ».
Cette phrase tirée initialement du livre d’Isaïe 49, 6, pourrait être qualifiée « d’expression fractale ».
Le mot « fractal » appartient au vocabulaire mathématique, introduit par le mathématicien touche-à-tout Benoît Mandelbrot (1924-2010). 
Il a tiré le nom du latin fractus, qui signifie « brisé » ou « fracturé ».

Ainsi, prenez un chou-fleur romanesco, ou brocoli à pomme, c’est un brocoli un peu spécial, originaire de Rome en Italie.
Si vous le regardez le profil, vous verrez que c’est une pyramide, mais faite de petites pyramides du même type, et chacune est faite de petites pyramides et ainsi de suite. Il faut prendre une loupe pour voir les structures de plus en plus petites.
Alors, ces structures qui se répètent à l’identique quand on change d’échelle à l’intérieur d’une structure finie est une structure fractale.
Voilà comment on fait des maths avec un chou-fleur, car les fractales sont des phénomènes réels que l’on retrouve dans la nature, y compris dans le langage et nous allons voir un exemple.

Donc, « J’ai fait de toi la lumière des nations pour que, grâce à toi, le salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre ».
Est une « expression factale », une expression qui demeure invariable quand on change de hiérarchie, ou d’échelle dans la mission, quelle que soit la personne à qui Dieu confie la mission.
Cette mission et une bénédiction à la fois, mais c’est surtout une mission qui en même temps, constitue l’être de l’individu.
Voyez donc comment les choses sont faites. Voilà d’ailleurs toute la symbolique du nom qui est devenu le prénom, mais qui est le vrai nom de l’individu.
Quand on parle de cet invariable qui traverse la hiérarchie, alors « J’ai fait de toi la lumière des nations pour que, grâce à toi, le salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre » s’adresse en premier et spécifiquement au Christ.
Mais elle s’adresse également à tous ces grands prophètes comme Isaïe, à tous ces envoyés de Dieu.
Elle s’adresse à Paul de Tarse ; c’est lui-même qui le dit.
Elle s’adresse à tout baptisé, conscient de son état de disciple et d’envoyé du Christ.
Elle s’adresse donc à chacun d’entre vous.

Maintenant, quand on dit que cette bénédiction-envoi est constante et traverse les groupes humains.
Alors, « J’ai fait de toi la lumière des nations pour que, grâce à toi, le salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre » s’adresse en premier lieu au peuple juif, puisque la révélation prend corps en son sein.
On voit encore une fois que la révélation, cette parole qui engendre un peuple, constitue le peuple en envoyé, vers une terre, mais pas seulement, car la parole qu’il porte est destinée à l’ensemble des peuples.
Être engendré-et-envoyé est l’identité du peuple ; c’est la même chose pour l’individu, nous venons de le dire.

« J’ai fait de toi la lumière des nations pour que, grâce à toi, le salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre » s’adresse à l’Église en son ensemble, mais aussi à chaque communauté paroissiale et religieuse qui est consciente de sa grâce d’appelée-envoyée ou de sa nature d’appelée-envoyée.

Dans cette dynamique, l’entre-soi ou le pour-moi ne sont jamais des options viables, même si l’on peut très facilement récupérer ou détourner la mission à son profit, comme individu ou comme peuple. Et c’est là que la structure fractale s’effondre et que l’envoyé dysfonctionne.
Dès que l’on oublie la mission, alors on dysfonctionne comme individu, disciple, peuple ou comme communauté.
Cela est très facile à identifier, car les conséquences sont publiques.
Si l’on n’est pas structuré dans l’appelé-envoyé, alors on n’est qu’un petit mercenaire à son propre solde. Il n’y a pas d’ambiguïté.
Mais quand l’individu, la communauté ou le peuple marche à la suite du Christ, alors le royaume de Dieu fleurit et l’humanité se porte mieux.
Voilà une manière de faire un avec le Christ comme il est un avec le Père.
Père Roland Cazalis
Ac 13, 14.43-52 ; Ps 99 (100), 1-2, 3, 5 ; Ap 7, 9.14b-17 ; Jn 10, 27-30
Merci à l'auteur de cette photo

 

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