Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


1er Dimanche de Carême, année B

Publié par Père Roland Cazalis sur 17 Février 2018, 21:27pm

Catégories : #homelie_cazalis

Dans ce premier dimanche de Carême, l'évangile est sous le signe de l'Esprit.

Marc s'attarde peu sur la confrontation de Jésus avec l'ennemi du genre humain.

Marc donne des accents jean-baptistiens à Jésus, et il met dans sa bouche des paroles que nous avions déjà entendues, “le règne de Dieu est tout proche, convertissez-vous et croyez à l’évangile”.

Mais la perspective a changé complètement, car Jésus parle en son nom propre, car “les temps sont accomplis”.

Il est sous la mouvance de l'Esprit, et cela nous donne une image correcte de l'action de Dieu, c.-à-d. la manière dont il opère le salut du monde, autrement dit, la manière de Dieu.

Il le fait, non pas en détruisant l'humanité, comme cela est mentionné dans le récit du déluge, et récit dont nous avons entendu la fin en guise de première lecture.

Il opère le salut du monde en prenant sur lui-même et non pas en le détruisant. Par là, il montre le changement mental nécessaire pour entrer dans les manières de Dieu.

Il montre par la même occasion le chemin du disciple. Ce ne sera pas un chemin où il imposera ses lois par son pouvoir de destruction. Voilà une dynamique qui est plus proche de la psychologie contemporaine et une invitation toujours offerte à ceux qui apprécient cette manière de faire.

Je ne sais pas si la fin du récit du déluge est le texte plus approprié pour accompagner l’entrée en carême. Je crois que c’est avant tout l'idée d'alliance symbolisée par l'arc-en-ciel et la promesse de préserver l'humanité qui motive le choix de ce texte.

On dirait que l’auteur biblique tente d'intégrer toutes les images délétères associées à Dieu et qui trainent dans l'imaginaire et la culture de la Mésopotamie ancienne, et celle en particulier du déluge qui est un lieu commun des cultures humaines sur la planète.

Dans cette stratégie de neutralisation des images, il ne faut pas laisser ce mythe vagabonder dans l'imaginaire. Il faut le neutraliser à cause de sa charge négative sur Dieu.

Dieu se repend d’avoir détruit le monde vivant, et propose une nouvelle alliance. Néanmoins, les esprits taquins seraient tentés d’objecter que le mal est fait!

Quoi qu’il en soit, cette nécessaire opération de neutralisation du récit du déluge, en l’intégrant dans le corpus biblique, a un coût, c'est celui de la dégradation de l'image de Dieu.

Donc ici, l'image de Dieu sert de monnaie d'échange afin d'incorporer ce genre de mythe dans l'histoire biblique et sa subséquente neutralisation.

L’image de Dieu continue de payer un lourd tribut à cause des images désastreuses associées aux récits sur le divin et qui perdurent dans l'imaginaire humain, en commençant par celles de la culture de la Mésopotamie ancienne.

Chaque culture dans le monde a une intuition de Dieu. En conséquence, chaque culture doit relire ses propres mythes, son propre imaginaire à l'aune de la nouvelle grammaire que Jésus est en train d'écrire et pratiquer par son entrée dans le monde, afin d’avoir la bonne référence.

L'entrée en carême est un temps d'effort pour nous mettre au diapason du regard et de la manière de faire de Dieu.

Chacun sait le lieu d'attention qui lui correspond, c.-à-d. le lieu qui a tendance à le clouer sur place et l'empêche de vivre pleinement la vie que Dieu lui communique.

Le jeûne doit être considéré comme une action collective, puisqu'il est important de faire quelque chose ensemble, c.-à-d. au niveau de l'Église en Europe, car dans certaines contrées, le jeûne est obligatoire toute l'année, car les ressources sont trop limitées.

C'est pourquoi le carême de partage a du sens : il s’agit de faire communiquer les vases. Que celles qui sont toujours remplies se déversent un peu dans celles qui sont quasi vides.

La communauté paroissiale et d'autres gens, nous avons choisi comme vases l'action Mokamo et Bumba en RDC et de porter notre attention de manière continue sur ces projets.

Néanmoins, chacun sait personnellement le lieu où il doit porter son attention sur lui-même.

Finalement, l'important c'est que l'appel du Christ “convertissez-vous et croyez à l'évangile” fasse sens pour chacun d’entre nous.

Amen.

Père Roland Cazalis

Genèse 9,8-15. ; Psaume 25(24),4bc-5ab.6-7bc.8-9. ; 1Pierre 3,18-22. ; Marc 1,12-15.

 

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