Dimanche d’ouverture de l’Avent. C’est un peu l’apéritif !
Nous vivons le dimanche d’ouverture de l’Avent. C’est un peu l’apéritif !
L’objet de l’apéro, c’est d’activer ou de réveiller les papilles gustatives afin de profiter du festin qui va suivre.
L’apéro est fait pour les esthètes, les gourmets ou les fines –gueules, ceux et celles pour qui le repas dit être une expérience esthétique.
Justement, notre festin à venir, c’est la fête de la Nativité.
Comme nous sommes un public d’esthètes, nous comprenons facilement qu’un événement à venir, génère de lui-même, un climat d’attente et de centration.
L’attente génère d’elle-même une forme de frugalité. On se garde pour ce qui vient.
Sans attente, il n’y a pas cette frugalité, sinon une frugalité tout artificielle. Personne n’est dupe.
C’est le sens des textes que nous venons de lire qui porte donc sur l’attente.
Il s’agit d’exhortation.
Celui qui est déjà entré dans la dynamique de l’attente, ces textes sont des rappels.
Alors, par rapport à ce premier dimanche de l’avent, je me suis demandé comment pourrait s’observer l’attente dans nos sociétés en Europe.
En effet, puisque le Christ n’inaugure pas une religion ethnique de plus, mais est fondamentalement un tournant dans l’histoire, ou mieux, il fait prendre un tournant à l’histoire, cette attente devrait, tôt ou tard se manifester. L’attente n’est pas seulement au niveau religieux, mais sur le plan global.
Nous avons, tout au long de cette année, relevé des points, des événements qui manifestent cette forme de basculement qui est en train de s’opérer dans la conscience des citoyens les plus attentifs.
J’ai déjà fait allusion à l’émergence et à la consolidation de la flèche éthique dans le monde humain.
Elle est anticipée et manifestée dans la Loi de Moïse montrant qu’il ne s’agit pas seulement d’une intuition humaine. Puisque le monde fait partie d’un événement que l’on nomme « création », et que celle-ci est juste ou bonne, comme c’est dit dans le livre de la genèse (ki tov), ou « Dieu avait prévu que cela serait potentiel de vie », comme certains auteurs l’explicitent, alors cette justice, ce potentiel se déploie dans le temps.
Cette justice met du temps à se manifester, mais elle est implacable, elle est inarrêtable.
Pour comprendre cette montée de la flèche éthique, ou le déploiement de ce potentiel, on pourrait évoquer la prise de conscience de l’importance de la biodiversité, car la vie a choisi la diversité, puisque sans diversité, cela fait longtemps que la vie aurait disparu de la surface de la Terre.
Nous sommes tous plus ou moins d’accords sur la nécessité de sauvegarder la biodiversité, sauf celle du genre humain ! Mais, ceci n’est pas un paradoxe.
Ou du moins, ce pseudo paradoxe montre tout simplement le chemin qui nous reste à parcourir.
Alors, ce n’est pas parce que le taux de CO2 est devenu trop élevé que nous devenons conscients de la biodiversité, mais parce que le temps est venu, avec ou sans CO2.
Alors, j’étais très intéressé par ce qui se trouvait en première page sur le canal d’information de la télévision publique espagnole.
Cet article stipulait :
« La consommation ne procure pas le bonheur : le côté obscur du Black Friday », avec le jeu de mot qu’il n’est pas difficile à trouver.
Ce long article poursuivait :
Le Black Friday porte préjudice à l’environnement économique en déséquilibrant les ventes du petit commerce ou de proximité, et promeut un modèle de « consommation compulsive » qui génère l’infélicité (le mal-être, le déplaisir, l’insatisfaction).
Il posait la question ; « consommons-nous le bonheur ? »
En ce sens, le bonheur n’est pas un bien consommable. Or, c’est le mensonge que veut faire croire les événements de consommation compulsive comme le Black Friday, qui amène les gens à acheter ce dont ils n’ont pas besoin.
Cet article ne faisait pas que critiquer, mais relayait également des initiatives des ONG et des associations écologiques pour donner d’autres perspectives aux gens, fomenter une consommation responsable et durable et l’économie sociale.
Ces organisations soulignent que le bien-être est plus lié à la « richesse et la variété de nos relations sociales » et au fait de fomenter des valeurs comme la solidarité et la coopération plutôt que les « moments éphémères d’insatisfaction chronique que sont les événements comme le Black Friday ».
Évidemment, le Black Friday est pris comme symbole de l’éphémère, par rapport à l’attente qui est par définition durable et ne se laisse pas tromper par des feux follets.
Alors, avec ce phénomène de Black Friday, ou pourrait se croire un peu éloigné de l’Avent.
Au contraire, nous sommes au cœur de l’Avent.
Car, ce temps nous réinterroge sur ce que nous attendons, quel est le fond de notre attente, qu’est-ce qui habite notre attente.
Le christianisme, ce n’est pas de la religion comme on l’entend habituellement. Le christianisme, c’est la vie même, dans toutes ses dimensions.
On pourrait encore parler de notre attente avec la célébration de la COP 25 qui va se tenir à Madrid à partir de lundi à Madrid, pour enfin trouver le chemin pour mettre en pratique les décisions de la COP21 de Paris. Oui, il faut être tenace ; il ne faut rien lâcher en dépit de l’égoïsme de certaines nations.
On pourrait encore parler de l’attente en évoquant le projet de réforme de l’Union européenne présenté par Macron & Merkel, car il faut que l’Europe fonctionne.
Incarner l’attente, incarner la flèche éthique, c’est manifester l’horizon aux autres. Et cela, est proprement, le génie du christianisme.
Roland Cazalis, compagnon jésuite
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :