Jardinier de Dieu

Jardinier de Dieu

Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Dimanche 2 août 2020 - 18e dimanche ordinaire A.

Publié par Roland Cazalis, compagnon jésuite sur 1 Août 2020, 11:26am

Catégories : #homelie_cazalis

La première phrase texte de l’évangile a retenu mon attention.

 

« Jésus apprend la mort de JB et se retire à l’écart »

 

Alors on peut parler de l’heure du Christ en trois temps.

 

Le premier temps de l’heure est le baptême au Jourdain.

 

Le deuxième temps de l’heure est la mort de JB, et le troisième temps de l’heure est quand il prend résolument la route pour Jérusalem pour la dernière fois sachant ce qui l’attendait.

 

Avant le deuxième temps de l’heure, il avait déjà fait beaucoup de choses. D’ailleurs, la foule qui le rattrape témoigne de sa notoriété.

 

Alors, cette foule qui devance Jésus m’a rappelé un fait qui remonte à quelques années. Si ce souvenir remonte en surface, alors que je l’avais complètement oublié, c’est qu’il doit certainement avoir du sens par rapport au texte.

 

Dans les îles des Caraïbes et dans toute l’Amérique centrale et du Sud, les églises évangéliques sont très actives.

 

Ce sont elles qui organisent des conférences publiques en plein air, le soir, sur la Bible ou un thème biblique, dans un style de campagne électorale. Le but est d’enseigner « la vérité », de faire des adeptes. Rien de nouveau sous le soleil…

 

Je me rappelle, il y a quelques années, avec quelques jeunes, être allé plus d’une fois écouter ce genre de conférence.

 

Il y avait toujours une foule conséquente, faite de catholiques, car c’est la majorité de la population.

 

Nous savions à l’avance ce qu’allait raconter l’orateur, son type de discours et que nous ne serions pas d’accord avec son interprétation des Écritures. Néanmoins, nous y allions quand même, comme si nous espérions quelque chose…

 

Avec le recul, et par le biais de ce texte de l’évangile, je me dis que nous avions soif de la Parole.

 

Non pas soif de la parole de cet orateur particulier, mais de la parole de Dieu qui nourrit l’âme, de cette parole dont notre âme a besoin.

 

La foule de l’évangile ne s’est pas trompée. La foule l’a trouvé, elle a trouvé celui qui dit cette parole.

 

Cette parole n’est ni un discours politique ni une analyse savante de texte ni s’entend dans les effets oratoires de tribuns.

 

Cette parole est quelque chose que l’on entend et se distingue de tous les autres dits !

 

 

Au deuxième temps de l’heure, Jésus se retire à l’écart pour prier ; il se retire pour se lancer.

 

La mission est contrainte par le temps, elle est scandée par le temps.

 

Celle de JB a touché à son terme.

 

À chaque tournant, il vous reste moins de temps pour l’accomplir.

 

Voilà pourquoi il est nécessaire de se retirer pour relire, savoir où l’on en est, puis se lancer de nouveau.

 

Si c’est vraiment la mission, alors elle vous habite et il n’y a pas d’écart entre son accomplissement et votre croissance humaine ; c’est un seul et même mouvement.

 

 

Alors, nous ne savons pas très clairement où nous mène la mission, c.-à-d. vers quel accomplissement.

.

Nous en avons bien une sensation, ou une perception, mais elle est diffuse, comme dans un brouillard.

 

Au deuxième temps de l’heure, en voulant se retirer, Jésus débouche sur la foule. Dans la mise en scène de Mathieu, il semble indiquer ce qui va venir : l’eucharistie.

 

Contrairement à Marc et Luc, Mathieu met délibérément l’eucharistie en scène. Ce n’est pas un fait qui nous rappelle ce qui va venir, mais plutôt l’eucharistie qui reprend le passé, qui s’approprie du passé. Voilà la portée de l’événement Christ, il va dans toutes les directions du temps.

 

Bien entendu, Mathieu profite pour tirer la nappe du côté des douze apôtres, en les montrant très actifs dans ce geste eucharistique. C’est de bonne guerre.

 

Cette soif de la parole qui nourrit l’âme, qui nous habite et qui nous dispose à tendre l’oreille, est en soi déjà suffisante pour embarquer toute une vie. Elle peut prendre diverses voies pour s’accomplir : la spiritualité, la philosophie, l’action, la religion, l’art, etc.

 

Néanmoins, l’invitation qui est faite dans l’Église est la jonction entre la soif de la parole et la faim eucharistique.

 

Je ne crois pas que le passage soit automatique. Vouloir avoir part avec le Christ est un chemin singulier dans tout ce qui est disponible à l’être humain pour s’accomplir.

 

C’est sans doute Paul dans la lettre au Romain qui nous parle des motivations qui nous tourneraient vers cette possibilité.

 

La parole que nous entendons quand nous écoutons ce texte de Paul est l’autre face de ce qui est dit textuellement. Voilà un aspect de la parole qui réconforte et nourrit l’âme, et qui fait dire : oui !

 

Roland Cazalis, compagnon jésuite

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