C’est sur une montagne que Jésus s’adresse à toute une foule. Pas dans un temple ou une église. Il aurait pu célébrer la Toussaint au mont Chaix, mais pas sûr qu’on l’aurait bien vu ni entendu, avec les arbres ! On pourrait dire que si Jésus choisit ce lieu, c’est qu’il s’adresse à plus que les ‘pratiquants’ mais à toute l’humanité pèlerine. D’ailleurs les premières béatitudes vont aux pauvres de cœur, aux affligés, aux doux, à ceux qui ont faim et soif de justice, aux miséricordieux, aux cœurs purs, aux artisans de paix, donc à tout le monde. Seule la dernière béatitude va aux disciples fervents, insultés ou persécutés à cause de moi. Elle me rappelle un chrétien du Vietnam en prison qui disait : « j’ai pu tenir car j’obéissais à mes bourreaux comme s’ils étaient le Christ ». Hou la ! …
A la soirée de rentrée de notre communauté chrétienne, plusieurs ont appelé à une fraternité plus grande entre tous. Nous voilà au pied de la montagne des Béatitudes. Notre conversion, c’est d’entendre « réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse ». La tentation serait de baisser les bras : on ne voit plus nos jeunes, on est moqués par les non-pratiquants ! Heureux si nous regardons le monde en y contemplant le bienfait de Dieu, à 2 ou 3 réunis en son nom.
Dieu se réjouit seulement de nous voir fraternels entre nous, tels que nous sommes, chacune, chacun, avec Lui tel qu’il est. Si nos messes sont tops ou imparfaites, c’est second pour Lui. Ça me fait penser à ces mots de Jacques Leclerc, prêtre : « plutôt saints que parfaits, je déteste la perfection ! ». Les cœurs purs, c’est cela, dit St François. Et heureux les cœurs purs, ils verront Dieu. Voir Dieu tel qu’Il est, comme le suggère St Jean, c’est voir avec le cœur, c’est accueillir la soif de Dieu. Je me dis que j’ai à lâcher bien des peurs et défenses. Je me rappelle l’enterrement de Maman et celui d’une belle-sœur formidable ; réunis pour un verre de l’amitié, nous étions là, les uns avec les autres, tous, heureux sans défenses. Un avant-goût du paradis, m’étais-je dit. Ce sera la Toussaint.
Olivier de Framond, compagnon jésuite