Dans la tradition hébraïque, chaque premier-né de sexe masculin est amené au Temple 40 jours après sa naissance afin d’y être consacré au seigneur.
40 jours, est aussi la durée rituelle de la purification de la mère.
Jésus est le premier-né de Marie, le premier-né de la création. Il vient au temple qui est la demeure de Dieu confiée aux prêtres. Il vient chez lui.
40 jours après Noël, le 25 décembre, nous amène au 2 février pour les chrétiens. Ceci explique cela.
Cette période de l’année correspond au retour de la lumière ; les jours s’allongent de 3 min de luminosité.
Si cette fête a une origine païenne, romaine pour ne pas le dire, les lupercales, du 13 au 15 févier, fête qui signifiait la purification, la bonne santé et la fertilité, il y a néanmoins une convergence psychologique entre le retour de la lumière solaire et la venue du Christ comme lumière du monde et cela à plusieurs titres.
Le prophète Malachie l’annonce dans le contexte du IVème siècle avant notre ère.
La Judée est sous protectorat perse ; il n’y a pas de roi dans cette contrée. Les prêtres de Jérusalem dirigent le pays.
Malachie s’en prend à eux en particulier, à cause de leur écart par rapport à la justice sociale et leur dévoiement du culte.
Voilà pourquoi Malachie annonce une promesse, celle de la venue du messager de sa propre alliance, le Seigneur en personne en son Temple et sa venue opérera la purification des prêtres, eux qui devraient être les promoteurs de l’alliance.
Il y a certes un écart entre l’annonce de ce messager pareil au feu du fondeur et l’enfant de 40 jours qui est amené au Temple.
Le prophète a parlé, puis il se tait pendant plus de trois siècles.
Il se tait et attend que la parole se réalise.
Et la parole de Malachie se fait chair.
Regardons la succession des événements dans le texte de Luc. La présentation au Temple n’est pas qu’un mystère glorieux. C’est aussi un mystère douloureux dans la mesure où Siméon fait entendre à Marie qu’elle sera transpercée dans son âme quand la lance transpercera Jésus sur la croix.
Ensuite, il est dit que l’enfant grandissait, se fortifiait et le Bien de Dieu était sur lui. Autrement dit, la vie donne le la, nonobstant l’adversité annoncée, et la vie continuera à donner le la en dépassant l’adversité.
Si nous revenons à la montée de la lumière, le Christ est lumière au sens où il nous dit qui nous sommes, car il nous représente.
Il est le miroir qui nous fait voir qui sommes-nous réellement, pas nos spéculations sur l’identité humaine, car auquel cas, nous restons avec nous-mêmes.
Il nous devance et nous suit. Il nous dit qu’il y a parfois du tragique dans la trajectoire humaine et dans la condition humaine, pas seulement à cause des aléas des événements. Le tragique advient souvent à cause du péché qui engendre l’aveuglement et l’ignorance et dont les conséquences les plus explicites sont les épreuves et la souffrance.
Par exemple, lundi dernier, nous avons commémoré les 80 ans de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau par l’armée soviétique. Or, pour cette commémoration, ni le président russe ni le Premier ministre israélien n’ont pu assister en personne et sur place à cet événement, car les deux sont accusés de crimes contre l’humanité, le crime dont Auschwitz-Birkenau est le symbole. C’est dommage et c’est triste. Voilà pourquoi, il est important de garder le cap, car ces aberrations peuvent affecter notre espérance.
Par rapport à ce qui peut sembler absurde, nous sommes ramenés au deuxième Isaïe ou le « livre de la consolation d’Israël » qui annonce que le dévoiement de ce qui est sacré, l’expérience du tragique n’est pas le dernier mot.
Le dernier mot est la foi en la transfiguration qui est le cap et nous permet justement d’avancer en affrontant l’adversité vers la vie.
La dynamique de l’adversité surmontée est l’histoire même de la vie du Christ et cela depuis sa naissance jusqu’à sa résurrection. Ainsi, le Christ a pleinement assumé la condition humaine dans toutes ses étapes ; il a accepté de traverser le feu.
Dès lors, une figure christique se dessine. Elle est constituée des éléments qui suivent. La totale acceptation de la condition humaine avec ses aléas et les conséquences du péché. Ensuite, il y a la foi en la transfiguration ou en la providence, foi qui permet d’affronter l’adversité pour aller vers la lumière, la lumière que vous pourvoie celui qui est la source de la lumière.
Sur ce point, le Christ dit, regardez ce que je fais, prenez-moi pour modèle, devenez mes disciples et vous deviendrez des humains accomplis.
Aujourd’hui, nous en sommes à la présentation au Temple. D’autres étapes vont suivre. Restons attentifs.
Le dernier enseignement de Luc nous vient de Syméon et Anne qui sont des personnes avancées en âge ou ayant de l’expérience dans la vie.
Anne, fille de Phanuel. Phanuel veut dire « tourner son visage vers le visage de Dieu ». Alors, Anne est bien la fille de son père.
Ainsi, nous commençons dans la vie dans l’action, et avec l’expérience, nous diminuons l’action pour la contemplation, en tournant plus résolument notre visage vers le visage de Dieu.
Autrement dit, nous commençons par la vie active et nous en venons peu à peu à la vie contemplative comme Syméon et Anne.
Si votre visage est tourné vers le visage de Dieu, alors, heureux êtes-vous.
Roland Cazalis, compagnon jésuite
Ml 3, 1-4 ; Ps 23 (24), 7, 8, 9, 10 ; He 2, 14-18 ; Lc 2, 22-40
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