Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Mt 12, 38-42 Dieu nous a tous appelés, les mains nues vers chacun de nous - Lundi, 16ème semaine du Temps Ordinaire — Année Impaire

Publié par Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite sur 24 Juillet 2023, 17:57pm

Mt 12, 38-42 : En ce temps-là, quelques-uns des scribes et des pharisiens adressèrent la parole à Jésus : « Maître, nous voulons voir un signe venant de toi. » Il leur répondit : « Cette génération mauvaise et adultère réclame un signe, mais, en fait de signe, il ne lui sera donné que le signe du prophète Jonas. En effet, comme Jonas est resté dans le ventre du monstre marin trois jours et trois nuits, le Fils de l’homme restera de même au cœur de la terre trois jours et trois nuits. Lors du Jugement, les habitants de Ninive se lèveront en même temps que cette génération, et ils la condamneront ; en effet, ils se sont convertis en réponse à la proclamation faite par Jonas, et il y a ici bien plus que Jonas. Lors du Jugement, la reine de Saba se dressera en même temps que cette génération, et elle la condamnera ; en effet, elle est venue des extrémités de la terre pour écouter la sagesse de Salomon, et il y a ici bien plus que Salomon. »

Merci à l'auteur de cette image

Là encore, dans ce passage de l’évangile, un enseignement certes mais surtout une rencontre sous sa modalité simple d’une demande de la part de scribes et de pharisiens, suivie de la réponse du Seigneur. Alors pour en tirer quelques profits pour notre propre cheminement, peut-être faut-il se demander ce qu’est un signe. Et, à partir de là, entendre la manière dont le Seigneur répond à la demande qui lui a été adressée.

Le mot « signe » a des sens nombreux, une bonne dizaine selon un dictionnaire en ligne… Le signe c’est ce qui permet de connaître ou de reconnaître, de deviner ou de prévoir quelque chose. Quand les hirondelles volent bas, c'est signe de pluie, et s’il n’y a plus d’hirondelles comme aujourd’hui c’est signe de quoi ? Mais le signe c’est aussi un geste ou une mimique permettant de faire connaître une pensée ou de manifester un ordre : Faire un signe de la tête. Et encore cela peut être la marque distinctive faite sur quelque chose : Marquer d'un signe les arbres à abattre. Le signe c’est encore la Représentation matérielle d'une chose, dessin, figure ou son ayant un caractère conventionnel : Signes de ponctuation. Et même un Phénomène extraordinaire, miracle, dans le domaine surnaturel, religieux. Mais est-ce suffisant ? Ne sommes-nous pas sous l’empire des signes selon Barthes lorsqu’il parlait du Japon, empire qui enferme dans le déjà connu et qui n’apprend rien, tout en confirmant ou imposant le déjà là, renvoyant à un monde fermé.

Alors une expression vient ouvrir : « Faire signe à quelqu'un ». Il s’agit de prendre contact ou rendez-vous avec son interlocuteur, se manifester pour le rencontrer. Et là le signe ne renvoie pas qu’à un sens déjà figé, il est ouverture, proposition, invention à une nouveauté commune… Cette expression « fais-moi Signe » a été récemment reprise par une jeune chanteuse, Hoshi, douloureusement atteinte par une surdité galopante. Dans sa chanson elle ne cesse de demander à son interlocuteur : « fais-moi signe » tant elle se sent en perdition. Le signe peut ainsi être adressé à quelqu’un, un signe qui laisse entendre une chose, sans la dire expressément, et qui attend surtout une réponse d’une autre liberté.

Et cela peut éclairer la manière dont Jésus répond. Il est conscient de ce qu’il ne cesse lui de faire, Jésus, de ce qu’il offre tout le temps, de ce qu’il propose à ses contemporains comme chemin commun. Il ne cesse de leur faire signe. Il pose des signes pour les inviter et, eux, ils restent sur leur quant à soi sans bouger, attendant un signe normé, prévu qui les confortera en eux-mêmes… Aussi nous pouvons comprendre la vivacité de la réponse de Jésus : « Cette génération mauvaise et adultère réclame un signe, mais, en fait de signe, il ne lui sera donné que le signe du prophète Jonas ».

Alors à nous qui sommes en retraite, sachons répondre aux signes que le Seigneur nous adresse, osons nous risquer dans la relation même si tout n’est pas clair, au cordeau. Parlons lui vraiment en retour. Soyons bien persuadés que la demande que nous risquerons est en fait une réponse et que c’est bien lui le premier qui vient à nous, qui nous fait signe, nous attend. Osons sortir de nous-même. Notre avancée passe par notre propre prise de risque. Dieu ne peut forcer notre liberté. A nous d’oser ouvrir la porte de notre cœur.

Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite

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