La mesure de Dieu, elle est pleine, tassée, secouée, débordante !
Elle éprouve notre mesure à nous, pour la tirer vers le haut. Elle seule donne au-delà des crasses qu’elle peut rencontrer sur sa route. Pardonner, il y a des fois où ce n’est pas possible car cela suppose que l’offenseur sorte du déni et que l’offensé se sache avant tout aimé. Mais en Dieu la mesure est celle d’un don qui ne se laisse pas arrêter par l’ivraie semée par quelque ennemi ! Certains le maudissent ? Il leur souhaite du bien. D’autres le calomnient ? Il prie pour eux. Un agité le frappe ? Il ne se rebiffe pas. Tendre l’autre joue n’est pas ici du masochisme, c’est le choix que Dieu fait de ne pas entrer dans le jeu de l’ennemi qui tirerait vers le bas pour semer de la violence et de la peur. Avec ses accusateurs Jésus ne se laisse pas écraser, mais il choisit de ne pas entrer dans leur jeu, il les invite à sortir de leurs récriminations et de leurs jalousies, pour connaître et goûter le Don de Dieu. Un autre vole Dieu de son aura, sa dignité ? Dieu lui donne sa tunique et la bonté dont elle est faite.
Dieu se révèle à la Passion. Là toutes mes images de Dieu volent en éclat. Le « pécheur » que j’étais peut se reconnaître loin de Lui, loin de son cœur. Il faut être Dieu, ou son ami, pour croire en la Résurrection ! Car ressusciter est donné à qui « par-donne », à qui donne sa mesure, pleine, tassée, secouée, débordante, au-delà de la désespérance qui met Dieu en croix.
Seigneur, que je goûte ta Mesure, que ta mesure prenne nos vies !
Olivier de Framond, compagnon jésuite
1 Co 8, 1b-13 ; Ps 138 ; Lc 6, 27-38