« Il est l’Agneau et le Pasteur, il est le Roi, le Serviteur » … La figure du serviteur souffrant prend la place. Le temps de la Passion est là. Et de nouveau, comme hier, la figure de Judas nous est proposée. C’est lourd. On aimerait s’en passer. Le chemin du serviteur y consent.
Dans la Passion Ignace invite à considérer comment la divinité se cache. Dieu, qui se donnait en Jésus enseignant et guérissant là où il passait, semble se retirer. Et pourtant Jésus offre Dieu jusqu’au bout, dans le silence. Un des siens va le livrer et il ne s’est pas laissé arrêter par cela. Il n’a pas non plus arrêté Judas dans son chemin de mort. Sans doute il ne le pouvait pas, tourné seulement vers l’offrande de Dieu en lui... Nul Dieu n’est comme lui.
« Allez à la ville chez untel, c’est chez lui que je veux célébrer la Pâque avec vous ». Il veut seulement célébrer la Pâque, la vivre en fait. « Untel », chez un évangéliste, c’est peut-être pour dire « vous, moi, toi ». C’est « chez toi » que je veux célébrer la Pâque. Chez moi ? Comme il a demeuré chez Zachée … Mais là, quelque temps plus tard, il leur dit ouvertement que l’un d’eux va le livrer. C’est le début d’une dislocation dans le corps des disciples. Le maître et serviteur veut célébrer chez un ami la Pâque, … et quelqu’un va le livrer. « Serait-ce moi ? ». Le Seigneur passe, libre, jusqu’au bout de l’offrande. Qui pourra l’arrêter ? L’émiettement des disciples ? La violence du monde ? … Le Seigneur passe, Dieu caché, que l’Esprit parle à notre esprit dans le silence. Cette Eglise de disciples va célébrer le maître et Serviteur, ce soir, au cours de la messe chrismale. Le Seigneur prie pour elle.
Père Olivier de Framond