Jardinier de Dieu

Jardinier de Dieu

Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Jn 12, 1-11 « du cœur des habitudes, la nouveauté de la promesse éternelle cherche à surgir… »

Publié par Père Jean-Luc Fabre sur 15 Avril 2019, 13:38pm

Catégories : #Semaine Sainte & Triduum Pascal, #2016 evangile piste de reflexion

Lundi Saint

Jean 12, 1-11 Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie où habitait Lazare, qu’il avait réveillé d’entre les morts. On donna un repas en l’honneur de Jésus. Marthe faisait le service, Lazare était parmi les convives avec Jésus. Or, Marie avait pris une livre d’un parfum très pur et de très grande valeur ; elle répandit le parfum sur les pieds de Jésus, qu’elle essuya avec ses cheveux ; la maison fut remplie de l’odeur du parfum. Judas Iscariote, l’un de ses disciples, celui qui allait le livrer, dit alors : « Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum pour trois cents pièces d’argent, que l’on aurait données à des pauvres ? »  Il parla ainsi, non par souci des pauvres, mais parce que c’était un voleur : comme il tenait la bourse commune, il prenait ce que l’on y mettait. Jésus lui dit : « Laisse-la observer cet usage en vue du jour de mon ensevelissement ! Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous, mais moi, vous ne m’aurez pas toujours. » Or, une grande foule de Juifs apprit que Jésus était là, et ils arrivèrent, non seulement à cause de Jésus, mais aussi pour voir ce Lazare qu’il avait réveillé d’entre les morts. Les grands prêtres décidèrent alors de tuer aussi Lazare, parce que beaucoup de Juifs, à cause de lui, s’en allaient, et croyaient en Jésus.

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Nous avançons dans la Semaine Sainte. Quelques attitudes résonnent aussi dans notre contexte culturel actuel, le repas, l’ensevelissement des morts, la violence destructrice…

« On donna un repas en l’honneur de Jésus ».Honorer, respecter, considérer, recevoir. La culture donne de se rassembler sur ce qui est la vie.  Au cours des repas, toute communauté se rassemble, évoque doucement son histoire, le temps qui passe, qui avance. Et même ici à Blomet (communauté de Vie chrétienne - Paris), avec le repas des vœux, le repas de Noël, le repas des ordinations, le repas de fin d’année, ensemble nous faisons ce qui est nécessaire pour vivre et nous exprimons aussi le désir de vivre ensemble. Dans la page évangélique, nous sommes dans une histoire, du déjà connu, avec Marthe et son affairement,  avec Lazare leur frère dans sa nouvelle existence, avec Marie qui nous imaginons sans peine, toujours être à la recherche d’un geste symbolique…. Sur cette base de coutume, un sens particulier, actuel peut surgir… Le mouvement de la vie… Le Seigneur aussi fera de même lors de la dernière Cène. Lorsque la Parole se dit, surgissent alors les oppositions…

« Laisse-la observer cet usage en vue du jour de mon ensevelissement ! » Respecter ce mouvement en soi, en l’autre, qui consiste à partir de l’usage jusqu’à la prise de parole personnelle. L’usage se révèle alors non un enfermement mais la base nécessaire de la parole personnelle… Dès lors, les attaques seront de deux types ou rabattre sur l’utile strict, à l’efficace, au constatable mais l’homme ne vit pas seulement de pain, ne vit pas seulement de résultats, mais de perspective, d’horizons, de mise en mouvement. Le Seigneur le dit avec libéralité à Judas, « Laisse-la observer cet usage en vue du jour de mon ensevelissement ! »… Ou encore aller vers la destruction pure et simple…

« Les grands prêtres décidèrent alors de tuer aussi Lazare » L’avers du repas partagé qui donne à chacun de se situer à sa manière dans l’histoire partagée du collectif auquel il appartient, c’est la violence qui veut arracher certains de la mémoire collective, et qui, pour cela, cherche à tuer, détruire, anéantir…Nous pouvons penser à l’exécution de Ben Laden avec le cadavre abandonné en mer, la gêne pour enterrer les terroristes du 13 novembre, la passion sur la question du rejet de nationalité pour les terroristes… Cette rage chez les grands prêtres, elle est aussi en nos cœurs, de manière plus ou moins explicite mais agissante en chacun de nous, la rage de l’exclusion, de l’anéantissement de ce qui ne nous va pas…

Voilà, à l’occasion de ce passage de l’Ecriture proposé à l’entrée de la Semaine Sainte, notre humanité et  notre humanisation revisitées. Nous nous découvrons certainement toujours à la fois victimes et bourreaux, cherchant un chemin personnalisant de vie, nous rabattant vers l’utile, le concret, le simple, l’évident qui nous enferme, ou même pris par une rage de détruire, d’anéantir…

Sachons que nous pouvons trouver un réconfort en faisant nôtre la prière ecclésiale de ce jour « Dieu tout-puissant, nous t’en supplions : quand nous tombons à cause de notre faiblesse, donne-nous de reprendre vie par la passion de ton Fils bien-aimé. » Laissons-la-nous toucher pas à pas, doucement, en percevoir et en recevoir la vie véritable.

Bonne semaine sainte à chacun !

Père Jean-Luc Fabre

Merci à l'auteur de cette photo
mardi  : Jésus trahi et renié

dimanche : Les rameaux

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