Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Mc 10, 46-52 30e dimanche du temps ordinaire B - 28/10/18

Publié par père Jean-Luc Fabre sur 22 Octobre 2018, 21:14pm

Catégories : #2012 Evangile pistes de réflexion

Marc 10, 46-52 Entrer dans la vraie vie pour tous…

Tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, un mendiant aveugle, Bartimée, le fils de Timée, était assis au bord de la route. Apprenant que c'était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! » Beaucoup de gens l'interpellaient vivement pour le faire taire, mais il criait de plus belle : « Fils de David, aie pitié de moi ! » Jésus s'arrête et dit : « Appelez-le. » On appelle donc l'aveugle, et on lui dit : « Confiance, lève-toi ; il t'appelle. » L'aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus. Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? — Rabbouni, que je voie. » Et Jésus lui dit : « Va, ta foi t'a sauvé. » Aussitôt l'homme se mit à voir, et il suivait Jésus sur la route.

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

Depuis trois semaines, nous ne cessons de voir des personnes qui viennent à Jésus pour lui demander quelque chose. De fait la demande est fonction des personnes. Ainsi, en catimini et comment faire pour avoir la vie éternelle pour l’homme riche, puis, un peu à l’écart du groupe et avoir accès aux bonnes places du Royaume pour les deux frères et, aujourd’hui, devant une foule et demande la pitié pour voir pour un mendiant qui s’appelle Bartimée. Dans un cas Jésus est le « bon maître », puis « Maître » et ici « Fils de David » puis « Rabbouni » [mot hébreu et non araméen, marquant plus de respect]…

Bartimée, le dernier, sera exaucé directement. Sa foi l’aura sauvé. Les autres de la scène (ici la foule et les disciples, avant les disciples seuls) seront ou absents ou hostiles ou encourageants… Cette typologie est riche d’enseignement. Nous voyons combien la relation vraie de Jésus avec un être humain travaille et déplace l’ensemble : la personne, Jésus, les spectateurs… nous-mêmes également. C’est avec cette perspective que nous pouvons rejoindre cette scène. L’attitude de Bartimée nous ouvre à la relation juste avec le Seigneur. Dans la mesure où elle est enrichie des autres relations déjà vécues, elle nous aide à comprendre l’enjeu de notre propre chemin. Nous avançons vers le terme de l’année liturgique, où se ressaisit l’attitude juste pour nous de celui qui suit le Christ. Bartimée est dit « suivre Jésus sur la route »… invitation qu’avait déclinée l’homme riche « toi suis-moi », invitation acceptée extérieurement par les deux frères « nous le pouvons », attitude naturelle pour cet aveugle qui a retrouvé la vue…

« Assis au bord de la route » Voilà un départ d’un genre nouveau pour une rencontre, la personne est prise dans la situation qui s’impose à elle, elle est assise au bord de la route, comme en panne de vie, qu’elle éprouve vraiment. Elle n’est pas à essayer de se parfaire dans la construction d’elle-même, de se développer, comme l’homme riche, de se mieux positionner dans son groupe d’appartenance, comme les deux frères. Non, elle est dans une situation de pauvreté. Mais là aussi pas de misérabilisme, une pauvreté qui veut la vie, mais qui la demande à un autre, qui se fie à un autre parce qu’elle a éprouvé son impossibilité personnelle. Sa demande est marquée de respect, de consistance historique également. Elle s’adresse au Fils de David, au Rabbouni… Cette personne est ainsi au bord de la route, désirante, mais désirante d’un désir qu’elle ne peut combler elle-même. Elle ose dire son désir, un désir qui rejoint l’attente d’autres, l’attente de son peuple par les titres employés qui ouvre à l’histoire commune d’Israël… Une personne au bord de la route mais en fait située dans une appartenance très profonde. Par son chemin de pauvreté, elle est allée à la racine de la situation, elle a vraiment considéré à qui elle peut s’adresser…

« Aie pitié de moi » Bartimée formule la demande essentielle, celle qui permet tout : sois avec moi… Avoir pitié, c’est d’abord et avant tout reconnaître que je suis avec l’autre, solidaire de lui et que ma vie se prend de cette relation. Bartimée demande à Jésus d’être avec lui. Bartimée déplace par cette demande le groupe des suiveurs de Jésus. C’est une demande instante, il la renouvellera à l’identique. Il leur donne de se situer autrement envers Jésus. Il parle à partir de ce qui existe et relie, la commune humanité confrontée à la mort, la commune histoire sainte entre Jésus et lui Bartimée, la promesse que Dieu vient pour sauver. Bartimée reconnaît et Jésus et lui-même, et l’enjeu de toute situation. Il est prêt pour une vraie rencontre où chacun est reconnu par l’autre, il peut dire, dans ce cadre, son propre désir, simplement, vraiment. Il donne à la vie de se manifester, à la communion de se tisser… Un nouveau peuple, en tous les cas, un peuple renouvelé, peut surgir…

« Ta foi t'a sauvé » Jésus reconnaît Bartimée, il reconnaît en lui quelqu’un qui comme lui vit son humanité au niveau profond, travaillé par l’essentiel de la vie et de la mort. Comme lui Jésus, Bartimée boit la coupe. Jésus le bénit, la guérison s’opère, Jésus lui dit d’aller et Bartimée de lui-même se met à suivre Jésus sur son chemin. Il devient bénédiction pour ses frères, comme un autre Christ pour eux… en pleine reconnaissance du don reçu, un don reçu pour tous, un don pour manifester à toute la terre la magnifique Seigneurie de Dieu…

Voilà le chemin que chacun de nous d’une manière ou d’une autre nous pouvons faire. Nous avons à considérer nos multiples dimensions, il y a en nous un homme riche de sa puissance, il y a en nous un homme qui veut tirer profit de sa position, il y a en nous un homme sur le bord de la route blessé, c’est lui qui peut en fait s’adresser à la profondeur de la vie en Christ, parce qu’il vit au plus profond, à ce qu’il y a de moins établi de la vie, il peut reconnaître le Prince de la Vie et marcher avec Lui sur la terre des vivants, devenant bénédiction pour les autres, leur donnant aussi de vivre à partir de leurs situations blessées et par cela capables de renaître à la vraie vie, celle qui se reçoit de Dieu à chaque instant.

Bartimée dans le trou et par cela en attente de la vraie vie

Homme riche qui veut étendre son principe en tout

Nous sommes toujours ici dans la situation qui ne cesse de bouger, d’évoluer…

Homme désireux d’user de son pouvoir que lui donne la situation

Et vous où êtes vous ? Vers quel quartier tirez-vous  ? (carré magique).                                   
père Jean-Luc Fabre

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