Nous naissons « non pas au monde, mais à la vie ». Il paraît que c’est un philosophe, Michel Henry, qui dit cela. C’est ce que Jésus a éprouvé et accompli parmi nous. Il naît en se donnant, lui, tout son être, intérieur et de chair, vie reçue d’un Autre, son Père, le Père. Il nous apprend à naître. Il a éprouvé combien l’homme perd sa vie s’il la retient, pour n’être que savoirs ou ruminations. La vie, même précaire, même obscure, elle est là. Ce trésor éternel, il ne le retient pas, il le donne. Ainsi il naît, à l’éternité, à la vie, à la relation, à la rencontre. La parole, le cœur, deviennent vivants. Il nous en fait le don. A la croix, il choisit la vie en la perdant. Il donne sa vie, il donne la vie, il donne Dieu. Alors il lui est donné d’appeler, d’envoyer : « de toutes les nations faites des disciples ». Appelé par la vie, envoyé par son Père, il peut appeler, envoyer à son tour, pour que l’homme naisse à la vie. François Xavier s’est laissé rencontrer par Ignace, et à travers lui, par la Parole. Jusqu’à naître. Il est sorti, loin, très loin, car il s’est laissé déplacer intérieurement. En Asie il a risqué sa parole, il a proclamé la Parole. Une amitié unique avec Ignace et ses amis le portait. Il attendait sa parole alors que le smartphone n’existait pas et qu’une lettre pouvait prendre plus d’un an pour arriver ! Une parole intérieure vivait en lui. La miséricorde, le pardon ; pour les donner aux nations, nous avons à les vivre, entre nous, ici, entre frères. Naître à la vie est là. « Baptisez-les », c’est naître à la Parole, pour donner aux nations, à chacune, chacun, de naître à la vie.
Père Olivier de Framont
