Mt 8, 5-11
Nous sommes au début de l’Avent, ce temps qui nous encourage à entrer dans une quête purement humaine à la recherche de la promesse de Dieu, avec cette part mystérieuse, enfouie, de nous-même qui nous donne de pouvoir recevoir le Seigneur qui vient à nous. La liturgie choisit donc des scènes pour nous indiquer ce que peut être ce chemin intérieur auquel elle nous invite en ce temps.
Et, ici, nous voyons un païen, le centurion, qui trace son chemin de foi, à partir de la sagesse reçue par la mise en œuvre de son métier de militaire. Nous le savons bien, ce métier repose sur l’obéissance, seule capable de mettre en mouvement cohérent un groupe, soumis au risque de la perte. Et le centurion a intégré cela en lui et cela lui donne de pouvoir comprendre le monde d’une certaine manière, de pouvoir en rendre compte, à partir des expériences vécues d’obéissance envers aussi bien ses supérieurs que ses inférieurs. A partir de cet acquis, il peut exprimer à Jésus l’univers que lui Jésus est capable d’engendrer selon lui le centurion et comment lui, le centurion, il peut s’y retrouver. Il le dit avec ses propres mots, avec la manière dont il se représente le monde : « Dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri. Moi-même qui suis soumis à une autorité, j’ai des soldats sous mes ordres ; à l’un, je dis : “Va”, et il va ; à un autre : “Viens”, et il vient, et à mon esclave : “Fais ceci”, et il le fait »
Jésus reçoit, avec reconnaissance, cette parole, ainsi que la foi qu’elle exprime. « Amen, je vous le déclare, chez personne en Israël, je n’ai trouvé une telle foi ». Et cela ouvre à Jésus un nouvel horizon, cela lui indique, d’une part, le lieu véritable de la foi, le cœur de l’homme, ce dont tout homme est capable, et d’autre part cela signifie que les hommes de toutes les cultures sont invités à l’acte de foi. « Beaucoup viendront de l’orient et de l’occident et prendront place avec Abraham, Isaac et Jacob au festin du royaume des Cieux ».
Recevons pour nous-même, en ce début d’Avent, ce double appel : celui de croire au-delà des limites de notre référentiel, de laisser parler notre cœur intime, en acceptant nos limitations d’expression, en prenant appui sur la démarche du centurion, oui parlons au Seigneur comme un ami parle à son ami, selon l’expression de saint Ignace, ainsi que ce deuxième appel, celui de recevoir tous les hommes comme mes frères dans la foi en étant ouvert à la manière qu’ils ont de l’exprimer, en prenant appui sur Jésus et son cri d’admiration.
Qu’advienne en ces jours l’Eglise à laquelle aspire le Seigneur, qui accueille chacun et qui conduit à la fraternité de tous, qu’ils soient mages, bergers ou autres… Celui qui vient est le Seigneur de tous ! Oui, Amen, Alléluia !
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite