En ce temps-là, les pharisiens, apprenant qu’il avait fermé la bouche aux sadducéens, se réunirent,
et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l’épreuve :
« Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? »
Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit.
Voilà le grand, le premier commandement.
Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. »
A la question quel est le grand commandement ? La réponse que donne Jésus dessine une croix vers le ciel pour l’amour du Père, vers l’horizontal pour l’amour du prochain.
Nous entrons dans cette célébration en faisant le signe de croix
Dans l’Ecriture… la clef, notre clef, c’est Jésus. L’amour de Dieu son Père s’atteste dans son amour pour les hommes, les hommes que son Père aime, aimer son prochain, ce dont nous sommes capables il l’a vécu, il nous donne de pouvoir le faire nous aussi à notre tour… Mais je vous propose ce soir de réfléchir à cet autre amour bien nécessaire aussi, l’amour de soi.
A la cène, Jésus mêle l’amour du Père et l’amour des hommes en s’offrant sous la forme du pain et du vin. Mais Jésus s’aime lui-même en allant jusqu’au bout de sa mission. La situation est dramatique mais dans son sacrifice, en plus de se donner aux autres, à son Père, à ses frères, il maintient son identité, la fidélité envers lui-même, son œuvre. Il s’aime lui-même, se considère lui-même. Il va au bout de lui-même.
Et alors dans nos vies aussi se pose la question : comment être attentifs à cette partie de la réponse de Jésus, « comme soi-même » ? Dans cette maison nous sommes heureusement enclins à trouver des réponses dans la vie d’Ignace.
Ignace dans les Constitutions pour le Père Général disait qu’il devait prendre du temps pour Dieu, pour les autres et pour lui… Ce bel équilibre remonte
Cela remonte à ce moment merveilleux où il lui est donné après la crise des scrupules, où il est tenté de se détruire lui-même, de s’éveiller comme d’un rêve, et là il va apprendre à vivre de nouveau dans son quotidien… un morceau de viande lui apparaît en imagination, et il discernera qu’il lui est bon de manger de la viande, il constatera que ses nuits sont écourtées par de trop belles idées avant de se coucher et il décidera de se coucher à l’heure prévue, en chassant ces illusions…
Nous aussi en retraite en session à l’écart nous sommes à la recherche de la note juste en nos vies. Bien souvent le combat spirituel pour nous consiste à nous considérer justement dans la situation. Pour être là, un parmi les autres, simplement mais pleinement aussi. Cela nous donne de pouvoir parler justement, sans plus ni moins, en parlant à partir de soi, irrigué de la relation avec notre père, et dès lors juste envers les autres et envers nous-même… donnant alors à l’autre de faire de même.
Aimer l’autre, aimer Dieu demande à vrai dire de se considérer soi-même. Nous devons toujours repartir de nous-même, humblement, modestement, amoureusement pour entrer en relation avec l’autre respectueusement et justement. Ne pas nous charger au-delà de notre propre responsabilité, qui concerne d’abord nous-mêmes.
Que ces jours de fraternité aident chacun de nous à trouver la juste place en chacune de nos vies !
Père Jean-Luc Fabre
(A saint Hughes de Biviers des gens en retraite spirituelle et d’autres en session en prise de recul tous)