Jardinier de Dieu

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Marc 3, 22-30 Les attitudes de Jésus : chemins pour nous

Publié par Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite sur 24 Janvier 2022, 11:33am

Catégories : #Homélies

Marc 3, 22-30 : En ce temps-là, les scribes, qui étaient descendus de Jérusalem, disaient : « Ce Jésus est possédé par Béelzéboul ; c’est par le chef des démons qu’il expulse les démons. » Les appelant près de lui, Jésus leur dit en parabole : « Comment Satan peut-il expulser Satan ? Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut pas tenir. Si les gens d’une même maison se divisent entre eux, ces gens ne pourront pas tenir. Si Satan s’est dressé contre lui-même, s’il est divisé, il ne peut pas tenir ; c’en est fini de lui. Mais personne ne peut entrer dans la maison d’un homme fort et piller ses biens, s’il ne l’a d’abord ligoté. Alors seulement il pillera sa maison. Amen, je vous le dis : Tout sera pardonné aux enfants des hommes : leurs péchés et les blasphèmes qu’ils auront proférés. Mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, il n’aura jamais de pardon. Il est coupable d’un péché pour toujours. » Jésus parla ainsi parce qu’ils avaient dit : « Il est possédé par un esprit impur. »

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Toutes les attitudes de Jésus sont chemins de vie pour nous, si nous prenons le temps de les considérer en profondeur… Ici aussi dans ce passage d’évangile que nous venons de lire et peut-être même à plusieurs titres.

Ce que nous pouvons présupposer, c’est que Jésus est ici encore dans une attitude positive même s’il dit des choses terribles. « Il est coupable d’un péché pour toujours ». Tout au long de l’Evangile quelle que soit la situation Jésus s’efforce en effet de toujours sauver tous les protagonistes de la scène. A la passion, pour cela, il se taira. Ici, la raison de sa prise de parole nous est donnée à la fin. « Jésus parla ainsi parce qu’ils avaient dit : « Il est possédé par un esprit impur. » ».

Son premier point de réponse, tout extérieur, consiste à établir la fausseté de la déclaration. Il n’implique pas son interlocuteur dans le jugement que son interlocuteur vient de porter. Jésus appelle d’ailleurs les scribes avec bienveillance à venir auprès de lui. Il démontre simplement l’inanité de la déclaration. Cette division au sein de Satan ne peut se faire sinon c’est la ruine intégrale de Satan. Il ouvre alors à une autre interprétation, de ce fait, bien plus plausible. C’est donc qu’il y a un plus fort « qui peut entrer dans la maison de l’homme fort et piller ses biens, après l’avoir d’abord ligoté ». Là Jésus peut espérer avoir obtenu l’assentiment des scribes ou pour le moins des témoins de la scène pour considérer autrement la situation.

Dès lors, Jésus fait un pas en avant en interrogeant la raison de cette déclaration et ce qu’elle peut signifier. L’incapacité à reconnaître le bien et que ce bien vient d’un principe bon mis en œuvre. Cette incapacité à reconnaître ceci implique un trouble profond du rapport à la vérité des choses, une perversion du jugement, une mise en contradiction entre l’intérieur et l’extérieur de la personne, une rupture du principe de la relation, bref une plongée dans la folie. Voilà bien jusqu’où cela entraine « si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, il n’aura jamais de pardon. Il est coupable d’un péché pour toujours. » Mais là aussi, cette parole déclarative n’est pas une condamnation mais un appel au sursaut de la liberté toujours capable de se ressaisir, de se reprendre intérieurement…

Nous pouvons admirer la manière de Jésus pleine de bienveillance, qui unit amour et vérité. Nous rendre compte que sa pédagogie consiste à prendre les questions pas à pas. Etablir l’objectivité de la chose, puis envisager à partir de quoi elle peut s’originer dans la subjectivité de la personne. Une invitation adressée à chacun de nous de nous garder de tout jugement hâtif alors que notre société bascule de plus en plus dans un temps sans respiration. Personnellement et socialement, sachons établir les faits, en chercher les raisons, envisager des solutions, en retenir l’une ou l’autre… Voilà le chemin de réconciliation qui s’offre à chacun de nous pour pouvoir pleinement vivre. Prions pour que les hommes politiques, les journalistes notamment, eux qui influencent beaucoup nos manières de vivre, suivent ce chemin.

Jean Luc Fabre, compagnon jésuite

Merci à l'auteur de cette image

 

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