Mc 16, 9-15 / Samedi, octave de Pâques / Le Christ, mort et ressuscité, nous précède toujours.

Publié par Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite sur 5 Avril 2024, 23:20pm

Catégories : #Homélies, #JLfabre, #évangile commentaire, #Evangile_réflexion

Mc 16, 9-15

Ressuscité le matin, le premier jour de la semaine, Jésus apparut d’abord à Marie Madeleine, de laquelle il avait expulsé sept démons. Celle-ci partit annoncer la nouvelle à ceux qui, ayant vécu avec lui, s’affligeaient et pleuraient. Quand ils entendirent que Jésus était vivant et qu’elle l’avait vu, ils refusèrent de croire. Après cela, il se manifesta sous un autre aspect à deux d’entre eux qui étaient en chemin pour aller à la campagne. Ceux-ci revinrent l’annoncer aux autres, qui ne les crurent pas non plus.

Enfin, il se manifesta aux Onze eux-mêmes pendant qu’ils étaient à table : il leur reprocha leur manque de foi et la dureté de leurs cœurs parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient contemplé, ressuscité. Puis il leur dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. »

« Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. » Un enjeu colossal pour l’étendu, comme pour la durée… vous rendez vous compte : le « monde entier », « toute la création ». C’est cela aussi Pâques après le petit matin. Un chemin qui s’ouvre à tout l’univers, à l’humanité entière… La cheville qui rendra possible toute cette démarche, ce sera le groupe des Onze. Le Seigneur ressuscité leur est certes apparu « il se manifesta aux Onze eux-mêmes ». Mais Jésus les a aussi enseignés pour pouvoir porter vraiment cette mission. Une mission qui nous revient aussi à nous, chrétiens, plusieurs siècles après la résurrection du Seigneur. Aussi est-il surement bon pour chacun d’ouvrir notre cœur à l’éducation qu’ils ont reçu et que nous avons-nous aussi à recevoir pour être à notre juste place dans cet immense travail de la transmission de la Bonne Nouvelle.

Tout réside dans la manière dont les choses se sont déroulées et dont les apôtres ont tenu à nous en faire le récit. Revoyons les étapes. Lorsque Marie Madeleine, les pèlerins d’Emmaüs sont venus à eux, les Onze, pleins de foi, d’enthousiasme, reçus de leurs rencontres avec le Ressuscité, ceux-ci ne les ont pas reçus. Ils ont manifesté alors les attitudes que pourront avoir ceux vers lesquels ils vont bientôt être envoyés : manque de foi, dureté de cœur. Eux qui n’ont pas reçus les premiers témoins, reçoivent en effet, après l’apparition du Ressuscité, la même mission que les tout premiers témoins : aller annoncer la Bonne Nouvelle de la Résurrection du Seigneur. A travers ce manquement comblé, pardonné, ils comprennent que leur annonce sera davantage une attestation, une aide pour reconnaître l’action première du Resuscité… qui touche le cœur des hommes directement.

Par-là, ils intériorisent le fait qu’ils ne sont pas ceux qui portent la Bonne nouvelle mais qu’ils sont ceux qui vont aider les autres à la comprendre, cette bonne nouvelle qui est déjà donnée, qui déjà se manifeste aux autres. Ils ne sont pas la lumière mais ceux qui la reçoivent et peuvent aider les autres à la recevoir, à la reconnaître, à la nommer, cette lumière donnée par le Christ et par lui seul.

Comment ne pas évoquer alors la figure de Jorge Bergoglio, témoin admirable du Christ Ressuscité pour aujourd’hui. Il lui sera aussi donné de vivre une expérience analogue à celle des apôtres, à ses dix-sept ans. Il se reconnaîtra après cela comme étant choisi parce que pardonné, comme l’atteste sa devise papale : "Miserando atque eligendo », laissant le Seigneur être premier dans sa vie, dans son action… Prions pour lui, pour ses derniers jours terrestres. Rendons grâce pour toute cette vie qui à partir de cet ébranlement s’est déroulée, jusqu’en sa mission d’évêque de Rome, fidèle à ce premier appel, en se vivant « appelé parce que pardonné ».

Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite

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