Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Lc 9, 43b-45 - Laissons-nous guider par les mots qui reviennent pour suivre le chemin de vie

Publié par Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite sur 24 Septembre 2022, 09:58am

Catégories : #Homélies

Lc 9, 43b-45 En ce temps-là, comme tout le monde était dans l’admiration devant tout ce qu’il faisait, Jésus dit à ses disciples : « Ouvrez bien vos oreilles à ce que je vous dis maintenant : le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes. » Mais les disciples ne comprenaient pas cette parole, elle leur était voilée, si bien qu’ils n’en percevaient pas le sens, et ils avaient peur de l’interroger sur cette parole.

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Merci à l'auteur de cette photo
Souvent pour entrer dans le sens de l’Ecriture pour nous, nous gagnons à nous laisser simplement porter par la sagesse des mots lorsqu’ils se répètent notamment. Ainsi dans les psaumes, c’est l’inclusion entre le début et la fin du psaume. Un exemple, dans le Psaume 15, avec le verbe « garder », le psalmiste qui implore le Seigneur l’implore de le garder : « garde moi Seigneur j’ai fait de toi mon refuge », à la fin du psaume, restauré dans la confiance absolue en Dieu, il peut dire avec confiance à tous : « je garde le Seigneur devant moi sans relâche ». La même dynamique dans le psaume 137 en allant du : « tu me scrutes Seigneur et tu sais », plein de crainte au : « scrute moi mon Dieu », acte de pleine offrande confiante de soi-même. Ici, le mot « tout », puis le mot « homme » reviennent deux fois, coup sur coup.
 
Au début du passage, il y a, en effet, le mot « tout » : tout le monde, tout ce qu’il faisait… c’est beau, brillant à vrai dire comme une tentation. Si vous me permettez ce jeu de mot, c’est « too much ». Le risque de glisser est là, en pensant que j’y suis arrivé par moi-même et que le reste va suivre, je suis le roi du pétrole… Par contrecoup, l’attitude d’humilité de Jésus va transparaître dans sa réponse. Elle nous prend loin de notre manière habituelle de comprendre la vie, de la manière dont nous avons souvent été éduqués à la réussite personnelle… réussir pour nous est une nécessité, une assurance…
 
Alors Jésus, lui qui a connu en profondeur les tentations au désert, la manière de faire de l’ennemi de la nature humaine, annonce une parole avec insistance et solennité « Ouvrez bien vos oreilles à ce que je vous dis maintenant ». Il veut que ses disciples, c’est à dire nous-mêmes, entendent bien ce qui va d’abord les choquer, les abasourdir. Quelle est donc cette parole ? « Le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes ».
 
 « Le fils de l’homme », « aux mains des hommes ». Là aussi un jeu de mot, de mise en relation, peut nous conduire… il s’agit de découvrir que notre propre vie humaine n’est pas sans celle de l’autre, celle de tous les autres. Le vrai enjeu de la vie humaine, le plus fondamental, celui qui authentifie notre relation à Dieu, c’est celui de la solidarité que nous avons avec nos frères, nos plus proches. C’est la pierre angulaire de l’humanité. Si elle tient, tout tient. C’est l’épreuve de Jésus, dans sa passion, où, plusieurs fois, on lui dira : « sauve-toi, toi-même ». Jésus sera alors ou silencieux quand rien n’est possible ou accueillant… Cet enjeu de solidarité avec l’autre est aussi celui de tous les hommes, de chacun de nous : entrer plus pleinement dans la vie c’est entrer dans la vie de tous, dans la vie qui relie tous les êtres, c’est être en tout solidaire des autres hommes. C’est la vraie réussite de nos vies individuelles : se donner pour la vie de tous.
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite
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