En ce temps-là, les disciples qui rentraient d’Emmaüs racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.
Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous ! » Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit. Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ? Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. » Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds. Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Jésus leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? » Ils lui présentèrent une part de poisson grillé qu’il prit et mangea devant eux.
Puis il leur déclara : « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : “Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes.” » Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures. Il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem.
À vous d’en être les témoins. »
« Viens à moi maintenant, reçois pour toi l’enjeu de la bonne nouvelle, puis suis l’appel de la Vie en toi ! »
Année après année, il nous est donné de parcourir et de reparcourir ce chemin pascal d’appropriation liturgique de la bonne nouvelle de la résurrection du Seigneur. Par ce processus, chacun d’entre nous peut entrer plus pleinement dans la promesse que Dieu nous a fait, depuis l’origine, d’accéder au mystère de la vie en plénitude.
Le passage d’évangile d’aujourd’hui nous introduit à l’intelligence de ce mouvement qui est proposé à tout être humain. Ce mouvement nous demande à vrai dire d’accueillir notre être propre en son humanité et de l’ouvrir pleinement en sa temporalité globale pour entrer dans la Bonne Nouvelle du Salut pour tous. Celui qui nous guide en ce mouvement, c’est le Christ, Mort et Ressuscité, rendu ainsi capable de nous rencontrer chacun quel que soit le moment d’histoire où nous sommes. Le Seigneur ressuscité vient accompagner chacun de nous. Il nous accompagne de manière discrète et certaine dans cette démarche de vie. Et pour cela, il nous escorte d’abord dans notre présent, longuement et patiemment, pour pouvoir ensuite nous guider vers la compréhension de la promesse, déjà annoncée dans le passé et enfin nous conduire à notre avenir commun.
Il nous escorte doucement dans nos présents. Ici, le collectif des croyants se reconstitue comme de lui-même avec les pèlerins d’Emmaüs et les autres disciples qui parlent entre eux, qui se reconnaissent, partagent leurs ressentis. Seront encore nécessaires une durée significative d’échange et même un signe tangible pour que ce groupe s’ouvre à Jésus qui vient de surgir, et ainsi à la promesse qu’il porte à son accomplissement. Ils font à un moment confiance à ce qui surgit dans leur présent, ils s’ouvrent à cette présence, ils acceptent de recevoir d’elle. Dès lors, Jésus peut les guider vers le sens, les enseigner.
Alors, en reprenant le passé que nous avons vécu, Il nous guide vers ce qui s’impose comme sens absolu, et qui appelle l’avenir. “Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes, que le Christ souffre, qu’il ressuscite d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion soit proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem ». Mais en ce point, pour ce qui est maintenant de témoigner dans le futur, la parole de Jésus autorise mais ne spécifie rien. Il conduit seulement chacun à son avenir : « À nous d’en être les témoins. » Un avenir à co-construire entre nous et avec Lui, en pure fraternité.
A partir du chemin vécu et narré des apôtres, prenons conscience de ce chemin qui s’offre aujourd’hui à chacun de nous, dans la joie du Ressuscité, pour devenir un membre de ce peuple « ardant à faire le bien sans relâche » et désireux, en tout, de témoigner du Seigneur et du don qu’il fait de la Vie.