En ce temps-là, Jésus disait aux foules : « Quand vous voyez un nuage monter au couchant, vous dites aussitôt qu’il va pleuvoir, et c’est ce qui arrive. Et quand vous voyez souffler le vent du sud, vous dites qu’il fera une chaleur torride, et cela arrive. Hypocrites ! Vous savez interpréter l’aspect de la terre et du ciel ; mais ce moment-ci, pourquoi ne savez-vous pas l’interpréter ?
Et pourquoi aussi ne jugez-vous pas par vous-mêmes ce qui est juste ? Ainsi, quand tu vas avec ton adversaire devant le magistrat, pendant que tu es en chemin mets tout en œuvre pour t’arranger avec lui, afin d’éviter qu’il ne te traîne devant le juge, que le juge ne te livre à l’huissier, et que l’huissier ne te jette en prison. Je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier centime. »
Depuis une longue période de sa vie publique, Jésus est pris dans une contradiction sans fin avec ses interlocuteurs, qui sont, sans cesse, en opposition avec lui. Et c’est là, que vient cette réaction de Jésus, adressée aux foule, après ou même dans cette période de conflit. Il adresse, à chacun, deux questions : ce moment-ci, pourquoi ne savez-vous pas l’interpréter ? Et pourquoi aussi ne jugez-vous pas par vous-mêmes ce qui est juste ?
A travers ces questions, Jésus nous dit ce que c’est que d’être vivant. C’est d’une part sentir les choses, pour les interpréter, les évaluer et du coup se bouger par soi-même à partir de ce jugement… Puis dans la situation ainsi créée, chercher à être juste par soi-même… Jésus propose à ses interlocuteurs pour dépasser leur opposition à sa parole, à son action un appel à rejoindre le dynamisme de leur vie intérieure… que chacun se positionne devant la situation en son nom propre, puis mène une action qui cherche à être juste.
Ce que propose Jésus, c’est, à vrai dire, comme la reprise théorique du bon samaritain. En passant devant le blessé, le samaritain a estimé la situation et il a réagi en conséquence en lui portant secours. Il a fait, ensuite, œuvre de justice en l’amenant à l’auberge et en veillant à son entretien.
N'est-ce pas ce qu’a fait jadis Elisabeth ? Elle sait accueillir sa jeune cousine enceinte d’une manière surprenante en lui donnant de pouvoir, réconfortée, chanter son cantique de grâce. Elle sait, le jour de la circoncision, imposer le choix de l’ange : « son nom sera Jean ». Mais d’abord reconnaissons qu’Elisabeth est habitée par la promesse concrétisée par la présence de Jean Baptiste en son sein, tout comme le bon Samaritain est lui aussi habité par la bonté de Dieu en lui.
Pour nous aussi comme le bon samaritain, Elisabeth, à la suite de l’appel de Jésus, nous avons à prendre l’initiative pour être les frères et sœurs de Notre Seigneur Jésus Christ de juger la situation par nous-même. La démarche synodale nous incite à cette prise d’initiative. La situation présente de notre monde le requiert : vivons ! sachons-nous aussi tout d’abord être habité par le Seigneur, recevoir sa vie en nous pour répondre à la situation présente en notre nom et chercher la justice !
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite
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