Ce monde, tel que nous le voyons, il passe ! « Ouf ! », bonne nouvelle qu’il nous donne, Paul, non ? Comment voyons-nous le monde ? Drôle de mélanges, du beau et du moche. Un jour je vois le beau, un jour, un monde de mecs qui s’excitent à se taper les uns sur les autres, égoïstes centrés sur leurs égos et qui suscitent des peurs ravageuses… Alors ouf, ce monde passe. En fait sur la Croix du Fils de l’Homme, il s’en va. Le règne de Dieu émerge, un « roi » accueille le bon larron.
Jésus a grandi longtemps à Nazareth avant de dire : « les temps sont accomplis, le règne de Dieu s’est approché ». Bientôt il se montrera sur la Croix. C’est là qu’il nous donne son dernier cri, un cri d’enfantement, un « convertissez-vous » éternel. En tout cas c’est dans notre monde que j’ai à entendre l’appel à la conversion. Il a pris le temps de l’éprouver, ce monde où parfois je ne vois qu’endurcissement ou réactions de défense ou de mutisme. Se convertir et croire à l’Evangile, c’est une même bonne nouvelle. Me convertir à l’Invisible : la vie, l’amour, l’attention, une vie qui s’offre et qui engendre une offrande de soi. Se convertir, c’est recevoir de croire à l’impossible. Voilà le règne de Dieu. Il n’est pas à chercher au-delà des mers, dans un gourou superman. Il est à chercher en soi.
Voilà le travail de conversion à quoi tu m’appelles, Seigneur, Jésus. Alors dans ce monde tel qu’il est, je verrai vraiment, je marcherai, je parlerai, j’entendrai. Car Tu seras passé au bord des eaux qui font ma vie et me voilent l’Essentiel : il est possible d’aimer, de t’aider encore, là, dans le dur roc du réel. Il est possible là de se laisser regarder et appeler, et de partir à ta suite apprendre à devenir pêcheurs d’hommes. Il t’a fallu du temps pour venir nous ouvrir à l’œuvre de ton Père, pour la contempler en nos vies et non dans un avenir éthéré. L’homme voit que « tout est foutu ». Le regard de Dieu, dans ce « monde foutu », voit une Moisson abondante. Dans les mers, rouges voire noires, que je vois, tu accueilles un Amour qui donne à marcher, à servir, à espérer. Et le signe de Jonas, c’est qu’un autre, un païen, un « pas bien » se convertit. Pour Dieu une mauvaise conduite n’est pas irréversible. Même Ninive peut devenir pêcheur d’hommes ! Alors nous peut-être aussi ? Que ton règne vienne.
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Jon 3, 1-5.10 ; Ps 24 (25), 4-5ab, 6-7bc, 8-9 ; 1 Co 7, 29-31 ; Mc 1, 14-20
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