Le Seigneur est unique. Il est l’Unique. La lettre aux Hébreux, comme d’ailleurs l’ensemble du Nouveau Testament, cherche à faire preuve de créativité pour pouvoir parler de cette nouveauté. Une nouveauté radicale qui par cela-même nous donne de passer d’un état à l’autre, d’une manière définitive. Car une nouveauté radicale est forcément une nouveauté qui dure, qui ne passe pas mais qui peut donner à passer à tout, qui peut s’ouvrir à toute situation, qui peut entrainer, sauver toute situation… car elle est forcément médiatrice.
C’est pour cela, que dans ce passage, l’action du Seigneur se situe au niveau de la nature et non, comme nous, nous le faisons souvent, au niveau de la représentation. L’épitre parle ainsi du ciel et non du temple, représentation du ciel, pour caractériser son passage unique de ce monde au monde à venir. Il est la « grande transition ». Il est, à lui seul, l’« anthropocène » véritable. Le Christ entre une fois dans le ciel et non une multitude de fois dans le temple pour symboliser la démarche.
Dès lors, nous sommes, en ces jours, qui sont ceux de la Résurrection, en train de passer en Dieu. Le Christ est en train de devenir tout en tous… Et, un jour, le plérôme sera atteint, le paysage s’éclairera d’un jour nouveau et sa présence, déjà là sous le mode du passage, du travail, de la peine, se révélera sous le mode de la Gloire, de la pleine Gratuité…
Hébreux 9, 24-28 Le Christ n’est pas entré dans un sanctuaire fait de main d’homme, figure du sanctuaire véritable ; il est entré dans le ciel même, afin de se tenir maintenant pour nous devant la face de Dieu. Il n’a pas à s’offrir lui-même plusieurs fois, comme le grand prêtre qui, tous les ans, entrait dans le sanctuaire en offrant un sang qui n’était pas le sien ; car alors, le Christ aurait dû plusieurs fois souffrir la Passion, depuis la fondation du monde. Mais en fait, c’est une fois pour toutes, à la fin des temps, qu’il s’est manifesté pour détruire le péché par son sacrifice. Et, comme le sort des hommes est de mourir une seule fois et puis d’être jugés, ainsi le Christ s’est-il offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude ; il apparaîtra une seconde fois, non plus à cause du péché, mais pour le salut de ceux qui l’attendent.
Père Jean-Luc Fabre
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