Les apôtres se plantent, et bien ! Ce qui est réconfortant, c’est que c’est eux qui le laisseront venir dans les évangiles : ils osent montrer leur « plantage ». Ils comprennent rien. Ils ont peur. Ils font les malins entre eux pour exister encore. Et ils sont rembarrés par un bambin. Presque comme moi avec les sympathiques lycéens de l’aumônerie vendredi où se faire écouter est un défi !
C’est sûr, on n’a pas trop envie d’entendre que celui dont on attend des merveilles va être livré et tué. Je n’ai pas envie de comprendre. Et le 3ème jour, il ressuscite, mais c’est quoi ? Est-ce que ça va nous le rendre ? Quand on est perdus, sans horizon, le silence fait peur, alors on joue aux grands. Comme les humains. « Vous voulez être grands ? ». Jésus part de ce qui nous habite, tels que nous sommes, pour nous proposer un chemin créateur : devenir serviteurs de tous. Et il l’illustre avec un enfant. C’est pas un « grand », c’est un petit, il obéit à papa-maman, il fait ce qui lui est demandé, mais surtout il a envie de grandir et il ne sait pas le dire. Jésus se reconnaît en lui. Parce qu’il se reconnaît « envoyé ». Par son Père, notre Père à tous. Grandir, c’est vivre en « enfants de Dieu », envoyés pour servir. Le Fils de l’Homme livré, qui sera tué, c’est l’enfant qui sert la Vie jusqu’au bout. Ça prend du temps pour l’accueillir …
A 12 ans, c’est vrai, l’ado Jésus avait choisi de devenir cet « enfant de Dieu, envoyé » quand il était resté au Temple à Jérusalem. Il était retourné à Nazareth avec papa-maman, et « il leur était soumis », dit l’évangéliste. Il avait déjà accueilli là l’enfant qu’il présente aux douze ici. Grandir ne se fait pas dans la jalousie, les convoitises, les rivalités. Il a choisi de vivre en « envoyé » de Celui qui ne sait qu’aimer, servir, remettre debout. Parfois l’enfant est perdu, il a peur du vide ou se décourage de n’être pas un grand. Jésus m’aide à l’accueillir aussi, cet enfant-là, comme les apôtres. Grandir viendra en devenant ces piécettes de la veuve, obole modeste et immense. Cela demande le temps de quitter ses rêves de grandeur et d’entrer au pays de la joie d’aimer, envoyé par l’amour de Dieu.
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Sg 2, 12.17-20 ; Ps 53 (54), 3-4, 5, 6.8, Jc 3, 16 - 4,3 ; Mc 9, 30-37