La voix du Seigneur et la foi (Deut 6, Mt 17)

Publié par Olivier de Framond, compagnon jésuite sur 12 Août 2023, 15:37pm

Après la transfiguration, la redescente est abrupte ! "Génération incroyante et dévoyée, jusqu'à quand devrai-je vous supporter ?" Finie, l'envolée mystique sur la haute montagne, avec Moïse et Élie ! Retour à la réalité, avec nos infirmités et des disciples qui sont à la ramasse. Et ils s'en prennent plein les oreilles. Ça ne les empêchera pas de demander pourquoi eux, ils n'ont pas réussi. Manque de foi. Ils auraient dû en acheter chez le marchand, mais la foi ça ne se vend nulle part. Elle se demande, elle se reçoit, c'est une grâce. Apparemment elle est donnée au fils de l'homme, pour les disciples il va falloir attendre un peu. Dévoyé, j'ai vu que ça veut dire "sorti du droit chemin". On aurait pu traduire "jésuite" car il paraît que pour aller tout droit, un jésuite ne peut pas trouver le chemin !

Un médecin soigne, seul Jésus guérit. Un ami me le dit souvent. Je peux être en mauvaise santé et connaître la joie d'être guéri. Le médecin avait-il diagnostiqué que ce qui rendait le jeune homme épileptique, c'était un démon ? Guérir, c'est accueillir la foi, cette disposition intérieure qui fait entrer dans la joie de vivre, en communion avec la création tout entière. Elle vient de Dieu, c'est ce qui l'habite. Tout le reste est du ressort des dévoyés. Comme dans beaucoup de guérisons dans les évangiles, un infirme montre que ce qui est malade c'est d'abord une relation. Relation à l'entourage, et réciproquement. C'est cela que Jésus guérit. Dieu restaure la relation juste à soi-même, au prochain, à la vie, à la création, à Dieu. C'est l'écologie intégrale ! La foi remet le créé, chacun, chacune, et toute chose, à sa juste place. Elle repère le démon, c'est-à-dire ce qui fausse et empêche une relation saine, et elle se pose devant lui pour le chasser. Nos petits vélos mentaux, au revoir !

Alors la voix du Seigneur peut s'écouter, et il est donné d'aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa force. Tout son être, intentions, actions, opérations, dirait le père Ignace. De toute sa force, certains traduisent ainsi : "en mettant la main au porte-monnaie". J'y mets le prix ! La hantise du peuple élu c'est d'oublier, oublier que tout est don et grâce de Dieu, jusqu'à mon désir de vivre, de partager, d'aimer. Comme les bonnes résolutions de retraite, je ne les tiendrai pas, le réel va passer dessus comme un rouleau compresseur. Il m'arrive de mettre des post-it partout, et même cela, je l'oublie, peut-être parce qu'ils m'encombrent, ces post-it ! Génération dévoyée, ouvrons nos cœurs à la foi.

Olivier de Framond, compagnon jésuite

Mt 17, 14-20 ; Se tourner vers la vie : contempler et demander

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