La Création ! Elle gémit en cris d’enfantement, elle marche et pas facile de voir toujours vers quoi ! Nous sommes une goutte d’eau microscopique, et chacune pourtant a du prix aux yeux de l’Éternel !
Avec la Genèse, les Écritures s’ouvrent en faisant contempler un désordre que Dieu transforme en Vie par sa Parole et son Souffle. C’est ce mouvement d’amour créateur que nous sommes appelés à contempler, et même à aider. Si nous ne voyons souvent que la violence, c’est au-delà que nous cheminons. Les enfants des hommes auront toujours vu la jalousie ou le pouvoir meurtrier, depuis les premiers frères. Abel le crie. Caïn l’éprouve. Les prophètes trouveront d’autres « Caïn ». Dieu jamais n’abandonne. Le Juste, à l’intérieur de son Peuple, de son Eglise, rencontre des « Caïn ». Malheureux pharisiens, malheureux docteurs des Écritures, ils penseront servir Dieu et ne voient pas qu’ils L’écartent et tuent. Il y a des experts qui savent, mais ils ne « connaissent » pas. Pire, ils empêchent les autres de « connaître ». « Vous avez enlevé la clé de la connaissance » ! Connaître, c’est marcher vers le Dieu des origines, L’accueillir, Le laisser et L’aider à se révéler dans le chaos du monde. La « trouvaille » de Dieu, le Pauvre, sera de se faire l’un de nous. Il ne « saura » pas les Écritures, il les connaît, il les vit, les accomplit. Le Christ Ressuscité, c’est Dieu et le Frère, redonnés. Il ne va pas empêcher les « Caïn », et Ignace d’Antioche, que nous fêtons aujourd’hui, le revivra, comme Abel et les prophètes. La réconciliation ultime des frères et sœurs entre eux et avec la Création et le Créateur et Sauveur, elle est devant, en espérance. Moi – peut-être vous aussi –, j’aimerais que ça vienne maintenant, qu’on n’ait plus ces quêtes hégémoniques ici et là, mais non, Dieu n’est pas là, il semble. Alors tâchons de suivre Celui que Dieu nous a donné …
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Eph 1, 1-10 ; Ps 97(98), 1, 2-3ab, 3cd-4, 5-6 ; Lc 11, 47-54